article publié dans Concours pluripro, mai 2021

"Demain, on aimerait être écoutés, entendus, consultés"
(Samuel Givert, masseur-kinésithérapeute et président de la CPTS des Monts du Lyonnais - 69)

"Lors de cette crise, nous avons fait front ensemble : soignants, élus et grandes instances. Nous nous sommes organisés pour anticiper et agir, nous nous sommes coordonnés pour mettre en place de vraies solutions pour nous, professionnels de santé, mais surtout pour notre territoire. Hier, nous regrettions le manque d’écoute, le manque d’anticipation. Demain, nous souhaiterions être écoutés, entendus, consultés. Car il nous restera à construire la santé de demain. Continuer à se réunir, à échanger, à réinventer, à expérimenter, à monter des projets et à les mettre en place. Restons positifs, soudés, déterminés !"


"Ajouter la responsabilité collective à la responsabilité individuelle"
(Pierre Chassaing, médecin généraliste et vice-président du pôle de santé de Brocéliande - 35)

"La crise a été un révélateur de l’évidence du travail pluripro. Dès mars 2020, très naturellement, nous nous sommes réunis pour déployer un plan d’action ajoutant la responsabilité collective à la responsabilité individuelle que nous devons à nos patients. Chaque professionnel a pu y trouver sa place. Tout ça consolide l’esprit d’équipe. Nous sommes prêts pour la suite…"

 

"Un sacré défi pour les coordinateurs !"
(Edwige Genevois, coordinatrice à la MSP de Romenay et de Tournus - 71)

"Cette crise a été un challenge pour les coordinateurs. Elle a mis en valeur (la plupart du temps) l’ingéniosité et la plus-value de cette fonction car il a fallu adapter sa posture, l’accompagnement et l’animation des équipes, notamment dans le déploiement de la télémédecine, l’organisation de réunions de crise avec les partenaires du territoire, la rédaction de nouveaux protocoles…Ce que je retiens, c’est que quand les professionnels se reconnaissent dans leur équipe et se font confiance, ils vont plus loin ensemble et gèrent efficacement les changements. »
 

"L’ère de la relation duelle praticien-patient est révolue"
(Violaine Brunelli-Mauffrey, médecin généraliste à la MSP de Tomblaine - 54)

"Cette crise a mis en exergue l’intérêt (s’il fallait encore le prouver) du haut niveau de structuration et de coordination en MSP. Cela a permis d’être réactif, de mettre en place en équipe des solutions efficaces et sécurisées d’accès aux soins et des réponses de santé publique territoriale adaptées. Cela a aussi révélé un besoin accru de formation des professionnels de soins primaires coordonnés à la santé publique. Pour y faire face, j’ai créé avec une sociologue de la santé, l’an dernier à Nancy, un nouveau DU “Coordination des actions de santé publique en soins primaires’’ agréé par l’université de Lorraine. Objectif : sensibiliser et former les professionnels exerçant en MSP, CPTS, ESP, CDS à la méthodologie de projets en santé publique menés au niveau des territoires. Soins primaires coordonnés et santé publique sont liés. L’ère de la relation duelle praticien-patient est révolue. Il s’agit de placer les usagers au coeur  d’un parcours et d’un système de soins structurés et plus fluides. Tout seul, on va vite. Ensemble, on va loin."

"Il serait temps de miser sur la prévention"
(Sébastien Guérard, masseur-kinésithérapeute à Saint-Nazaire (66) et vice-président de la FFMKR)

"Je crois que la première leçon est que nous n’étions pas prêts ! Mais, depuis, nous avons dû revoir notre pratique au quotidien, limiter le flux des patients dans les cabinets, éviter les séances de groupe, réduire la durée de prise en charge pour permettre l’aération et la désinfection entre chaque patient… Il faudra dorénavant repenser le modèle économique de nos cabinets et s’adapter à des normes d’hygiène devenues plus exigeantes et coûteuses. L’une des promesses électorales du président Macron en 2017 était de miser sur la prévention. Il serait temps de transformer les paroles en actes. C’est tout un système à repenser : l’instruction  et l’éducation à la santé, la prévention contre les maladies chroniques, les TMS, la lutte contre la sédentarité, l’apprentissage des gestes barrières…"

"Il est temps de passer du descriptif au débat"
(Didier Ménard, médecin généraliste au pôle de santé de Saint-Denis - 93)

"Ce que je retiens, c’est que même si les soins primaires n’étaient pas organisés et culturellement préparés à faire face à l’épidémie par carence de savoir-faire en santé publique, les soins de ville se sont scindés en deux : d’un côté, l’exercice solitaire, qui s’est mis en veille en attendant que cela s’arrange, et, de l’autre, l’exercice collectif, qui s’est adapté et a attiré des professionnels isolés. Pour moi, c’est une confirmation du bien-fondé de cette refondation des soins primaires sur la base de l’exercice coordonné. C’est pour cela qu’il est temps de changer le système conventionnel qui n’est plus en phase avec les besoins de santé de la population. Ce qui met sur la table ces questions : c’est quoi, être libéral aujourd’hui ? quel est le mode d’organisation le plus adapté aux soins primaires dans le cadre d’un authentique système de santé et non plus seulement de distribution des soins ? quel est le mode de rémunération le plus performant ? Il est temps de passer du descriptif au débat. Il ne faut pas un “Ségur” des soins primaires avec les syndicats qui revendiquent une augmentation des revenus. Faire cela, c’est condamner la médecine libérale à être de plus en plus marginale."

"Le conseil scientifique doit réunir les représentants des divers acteurs de terrain"
(Michel Sciara, médecin généraliste au pôle médical de la Crau, Istres - 13)

"La gestion de cette crise a été confiée à des politiques qui se sont appuyés sur un conseil scientifique composé de médecins et d’experts, loin du terrain et/ou n’exerçant plus. Les ARS ont été très difficiles à mobiliser lors de la première vague. À l’avenir, il faudrait prévoir une remontée d’informations (comme lors d’une étude d’impact) s’appuyant sur les URPS et un conseil scientifique réunissant aussi les représentants des divers acteurs de terrain."

 

 

"La santé territoriale a pris tout son sens"
(David Guillet, infirmier libéral à Cossé-le-Vivien (53) et vice-président de la FCPTS)

"Je retiens la capacité d’adaptation et d’innovation des professionnels de santé, à la fois en monocatégoriel et en pluripro. Par exemple, en Pays de la Loire, création d’une PDSA Idel 7 j/7, 24h/24 depuis le 20 mars 2020… Ce qui a permis une réponse à toutes les demandes de soins. Mais aussi une organisation de tournée spécifique Covid-19 pour les infirmières libérales. À noter aussi l’efficience des CPTS, grâce à des professionnels engagés qui ont montré leur adaptabilité et leur organisation à répondre rapidement aux besoins. La santé territoriale a pris tout son sens."


"Le système de santé de demain devra être adaptable dans l’urgence"
(Jennifer Hortobagyi, coordinatrice à la MSP Les Castells, Baho - 66)

"Notre équipe a su se mobiliser rapidement, en priorisant l’essentiel ! Il reste encore des dispositifs à mettre en place, notamment les outils numériques parfois difficiles à accepter par certains en rapport à leur complexité d’utilisation, mais nous sommes sur la bonne voie… Cette crise aura eu l’avantage d’élargir le champ de possibles et de créer une vraie cohésion d’équipe. Le système de santé de demain devra être adapté et adaptable dans l’urgence. La mutualisation des moyens et de pratiques est un réel succès."
 

"Un avant et un après-crise"
(Jean-Luc Plavis, patient-enseignant et initiateur de la MSP de Suresnes - 92)

"En une année, la crise a mis en exergue la fragilité de notre système de santé mais aussi la capacité d’adaptation des soignants. Du fait du confinement et de la lourdeur administrative de l’État entraînant parfois une prise de décision considérée comme incohérente, cette situation a été une source d’angoisse, de situations de précarité mais aussi d’une explosion des violences faites aux enfants et aux femmes. Il y aura forcément un avant et un après la crise. Il nous appartient d’en tirer toutes les conséquences en renforçant la démocratie en santé et la réflexion sur les politiques de santé publique."

"Favoriser et financer une équipe restreinte autour du patient"
(Jean-Paul Hamon, médecin généraliste à Clamart - 92)

"Méprisés, oubliés, les médecins libéraux ne font pas partie des plans de nos gouvernants, qui pensent que la solution à la désertification est la télémédecine. Alors qu’il faudrait donner les moyens à la médecine de ville d’éviter les hospitalisations en favorisant et finançant une équipe restreinte autour du patient : le médecin traitant mais aussi l’infirmière, le kiné, le pharmacien référent… À charge pour cette équipe d’assurer la continuité des soins. Cette crise doit être l’occasion de créer un système qui marche sur ses deux jambes…"

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