"La prévention est le parent pauvre de notre système de santé : la France ne consacre qu’environ 6 % de ses dépenses de santé à la prévention. L’épidémie de Covid a bien souligné les faiblesses de notre pays dans ce domaine sur bien des points, tels que l’anticipation de la survenue d’une maladie infectieuse émergente, la promotion des gestes barrières dans une logique de réduction du risque, la mise en oeuvre d’une stratégie de dépistage permettant de casser les chaînes de transmission, etc. Nombreux sont ceux qui espèrent, à l’issue de la crise
sanitaire actuelle, un changement de paradigme et un investissement durablement soutenu en matière de prévention et de promotion de la santé. Les représentations des Français seront probablement aussi modifiées.

Ainsi, ces dernières semaines, la part de confiance dans la vaccination s’est très largement améliorée. En sera-t-il de même pour les gestes barrières, la distanciation sociale… ? Les Français porteront-ils le masque en période d’épidémie grippale, comme le font les Japonais ? Sauront-ils s’auto-isoler en cas de symptômes de grippe (ne pas aller à l’école ou au travail, ne pas prendre les transports en commun…) ? En d’autres termes, la pandémie de Covid-19 va-t-elle, dans la durée, modifier nos comportements dans ce domaine ou bien, une fois les jours heureux retrouvés, reprendrons-nous les comportements des jours d’avant ?

Incontestablement, le regard sur les masques s’est amélioré malgré les couacs de communication notés au début de l’épidémie : “Le masque n’a pas démontré son efficacité”, “Le port du masque ne sert à rien pour les personnes non malades”, “Les masques, une fausse bonne idée”... Son utilisation s’est généralisée, et chacun le porte désormais de façon usuelle, pour se protéger et protéger les autres. Il n’est pas sûr cependant que, devant une moindre perception du risque, ces comportements (port du masque, distanciation sociale...) perdurent. Pour cela, il conviendrait dès aujourd’hui de changer de stratégie, de sortir d’une communication mal comprise fondée sur des obligations parfois surprenantes, comme porter le masque sur le littoral en dehors de tout rassemblement. La promotion des gestes barrières, fondée sur la responsabilisation, mériterait d’être portée. Il conviendrait alors de donner du sens aux mesures, de faire de la pédagogie, de permettre à chacun d’identifier les situations à risque. Il est nécessaire d’expliquer ce qu’est une stratégie de réduction des risques et d’amener chacun à évaluer la situation dans laquelle il se trouve*. Il est temps de responsabiliser les Français et de faire de l’éducation pour la santé."

 

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