Une crise sanitaire met généralement tout ou partie d’un système de santé sous tension. Les manquements ou les insuffisances deviennent alors évidents, même si l’engagement des personnels et la résilience des patients permettent longtemps de masquer les choses. Il devient alors patent que des informations complémentaires doivent être proposées ou que des anticipations doivent être conduites jusqu’à leur terme afin d’améliorer le service aux patients.

En voici deux illustrations. La première concerne le Kaiser Permanente, organisation de soins privée fondée aux États-Unis dans les années 1950 et comptant désormais un peu plus de 16 millions d’affiliés*. Réagissant à la crise provoquée par la pandémie liée au Covid, le Kaiser a immédiatement formaté des pages. On y trouve, avec une lisibilité et une brièveté maximales, un testimonial favorable à la vaccination (100 jours après la première injection aux États-Unis), un "menu" des services développés par le Kaiser en réponse au Covid, le conseil pratique de préférer la téléconsultation, le résumé des "actualités Covid" et les ressources pour mieux vivre au quotidien avec le virus, ainsi que trois sources principales pour accéder à des données complémentaires. Le tout, mis à jour continuellement.

 

Trois défis pour le système de soins australien

La seconde illustration concerne l’Australie, pays-continent de 25 millions d’habitants, sensiblement épargnée par la pandémie – sans doute en raison de son isolement géographique, renforcé par la fermeture des frontières dès le premier trimestre 2020, complété par une quarantaine effective pour les très rares exceptions – puisqu’on y relève moins de 40 000 cas depuis le début de l’épidémie et moins de 1 000 décès. Il n’empêche que le système de soins y a été mis sous tension, ce qui a notamment provoqué des réflexions complémentaires sur les réformes souhaitables du système, par ailleurs en évolution permanente depuis le début des années 2000. Une équipe hospitalo-universitaire de Melbourne a ainsi publié une analyse de la situation locale dans le Medical Journal of Australia.


Source : www.coronavirus-statistiques.com

 

Les auteurs relèvent trois défis auxquels la pandémie a confronté le système de soins australien. Le premier concerne l’intégration défaillante entre les différents acteurs : gouvernements fédéral et régionaux, ville/hôpital/institutions pour personnes âgées et spécialistes ambulatoires exerçant en silos. Le deuxième, la balance entre le curatif et le préventif, chacun s’accordant à revaloriser le second…sans y parvenir. Le troisième défi réside dans le gaspillage des ressources que chacun peut constater mais que personne ne peut enrayer (tout cela entrant en résonance avec de nombreux discours qui prévalaient dans la plupart des pays développés, avant la pandémie, toutefois).

De manière davantage prospective, les auteurs poursuivent en identifiant les principaux "rationnels" qui doivent inspirer les évolutions à conduire à terme. Avant tout, reconnaître que la nécessité stimule la créativité des acteurs et que la flexibilité des solutions est une force considérable. Ensuite, porter sans relâche que "prévenir vaut mieux que guérir", en particulier en s’appuyant sur des résultats obtenus. Finalement, s’efforcer de raisonner de manière systémique en projetant, par exemple, que certaines causes anecdotiques peuvent avoir des conséquences dramatiques (comme la quarantaine virtuelle des passagers d’un paquebot au début de l’épidémie) et bien sûr se soucier de la santé mentale et, si possible, s’assurer du bien-être des soignants. CQFD

NOTE
* Organisation plutôt emblématique reconnue à l’international pour la qualité de son suivi ambulatoire des hypertendus, avec près de 90 % des sujets équilibrés.

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