Article publié dans Concours pluripro, septembre 2023
 

L'accès aux soins – tellement débattu en France depuis quelques années maintenant – est en réalité ressenti comme un défaut de l'organisation sociale et un sujet politique dans la plupart des pays développés (à l'échelle de la trentaine d'États constituant l'OCDE). Dans ces mêmes pays, le point central est la difficulté pour accéder rapidement à un professionnel, particulièrement en dehors des horaires d'activités habituels et dans certaines zones, essentiellement rurales ou péri-urbaines. En conséquence, les services d'urgence des établissements hospitaliers sont surchargés, ce qui impacte négativement l'ensemble de l'activité des hôpitaux. Face à ce "tropisme hospitalier", tous ces pays ont pris diverses mesures pour développer les soins primaires en ambulatoire, singulièrement à une échelle territoriale. Cependant, sauf exception, cela ne suffit pas à tarir les flux vers les hôpitaux et leurs emergencies departments. En conséquence, diverses innovations, de nature à permettre un accès adapté aux soins, ont émergé.

Parmi celles-ci, on peut isoler les urgent care centers et les retail health clinics, sortes de maisons médicales de garde et autres centres de santé, accessibles sept jours sur sept avec des horaires élargis, les uns et les autres implantés en secteur ambulatoire et connaissant une croissance très rapide dans de nombreux pays de culture anglo-saxonne (Amérique du Nord, Australie, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud, etc.). C'est en effet un taux de croissance de l'ordre de 200 % qui a été observé pour ces structures entre 2017 et 2022, selon les données d'experts financiers nord-américains spécialisés dans le secteur de la santé ; et un taux de croissance équivalent est envisagé pour les cinq prochaines années, jusqu'à 2028.

 

Quels professionnels de santé ?

Dans ces conditions, plusieurs organisations représentant les patients ont édité des "guides" aisément accessibles sur internet, de manière à faciliter un meilleur usage de ces nouvelles ressources... On y trouve ainsi une définition fonctionnelle des urgent care centers, où exercent des médecins qui "prennent en charge les malades pour un malaise/trouble ou bien une blessure, dénués de risque vital apparent, mais qu'il vaut mieux traiter sans attendre un jour ou davantage pour voir le médecin traitant (qui peut d'ailleurs conseiller le recours à ces centres)".

De leur côté, les retail health clinics, principalement localisées dans des centres commerciaux (en association avec les opérateurs de la grande distribution), sont essentiellement staffées par des nurses practitioners et des physician assistants (nouveaux métiers enfin initiés en France ces dernières années). Les patients y ont recours pour répondre à une demande immédiate d'accès aux soins, pour un coût largement moindre que les urgences hospitalières ou même le médecin traitant, et avec un bon degré de satisfaction. De surcroît, ces retail clinics ont pris une part importante à la vaccination de masse organisée pour contrôler la récente pandémie au Sars-CoV-2.

Et même s'ils soulèvent des réserves de la part de l'Australian Medical Association (qui préférerait que les dirigeants australiens continuent d'investir massivement dans le primary care), ces urgent care centers et retail health clinics connaissent un développement considérable dans la zone indopacifique. Un travail développé par une structure-conseil située en Australie recommande ainsi de se poser cinq questions pour réussir au mieux l'implantation des urgent care centers : "What are the intake pathways? What is the staffing model? Where and when should the service operate? What services should be provided? What is the funding model?"
 

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