Article publié dans Concours pluripro, novembre 2023
 

Prototype des maladies auto-immunes de type connectivites non spécifiques d'organes, le lupus systémique est une maladie chronique relativement rare mais dont la morbidité reste importante, malgré les progrès thérapeutiques majeurs de ces dernières décennies. Ceci est en lien avec la diversité des manifestations survenant lors des poussées, leurs séquelles éventuelles, les complications multiples, notamment infectieuses et athéromateuses, parfois majorées par les traitements pourtant nécessaires pour contrôler les poussées et limiter les rechutes.

Cette maladie (voir ci-dessous) survient "chez la femme dans 90 % des cas" et débute "le plus souvent entre la puberté et la ménopause, avec un pic de fréquence entre 30 et 39 ans", précisait l'Assurance maladie sur son site en janvier 2022, ajoutant qu'en France métropolitaine, 41 personnes sur 100 000 souffriraient d'un lupus systémique (ou lupus érythémateux disséminé ou lupus érythémateux systémique). Elle concernerait 94 personnes sur 100 000 en Guadeloupe et 127 personnes sur 100 000 en Martinique.

Voici un résumé des liens entre certaines expositions professionnelles et environnementales et la survenue de la pathologie, d'après une revue de la littérature. Nous faisons également un point sur le nombre de reconnaissances en maladie professionnelle enregistrées en France ces dernières années. Enfin, zoom sur plusieurs cas médico-professionnels de lupus systémique observés en centres de consultations de pathologies professionnelles (CCPP) en France et recensés dans la base de données du Réseau national de vigilance et de prévention des pathologies professionnelles (RNV3P).

 

Facteurs professionnels et environnementaux

D'après les données de la littérature scientifique, retrouvées en interrogeant principalement la base de données PubMed et en tenant compte des articles publiés en langues française et anglaise entre le 1er janvier 1990 et le 31 mai 2021, il existerait une association significative entre l'exposition à la silice cristalline et le risque de développer un lupus systémique, avec un probable gradient dose-réponse (voir tableau "Résumé des associations évoquées..."). En France, environ 360 000 salariés, principalement des hommes, seraient exposés à la silice en milieu professionnel, estime l'enquête Sumer 2017. Le tabagisme, actif et passif, ainsi que les rayonnements UV favorisent le déclenchement des poussées, de même que certains virus (famille des Herpèsvirus notamment).

D'autres substances sont suspectées, telles que les solvants organiques, le mercure et les pesticides, mais à ce jour leur association avec le lupus systémique n'est pas prouvée*. Plusieurs études mettent en évidence des résultats divergents. Les liens sont effectivement complexes à démontrer, notamment du fait de l'hétérogénéité des solvants et des pesticides existants, des incertitudes quant aux substances précisément utilisées et de l'intensité et de la fréquence de ces expositions (voir "Schéma de la filière cristalline").

De plus, la rareté (relative) de la pathologie induit parfois un manque de puissance des études, limitant alors l'extrapolation des résultats et les possibilités de conclure quant à l'existence d'une association significative statistiquement, et cliniquement. Enfin, les études sur le sujet sont souvent rétrospectives, et comportent donc certains biais inhérents à ce type d'études (biais de sélection et de mémorisation notamment).

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