Identifiées pendant le confinement comme particulièrement vulnérables par les autorités de santé, les personnes dialysées et greffées d’un rein ont été appelées à respecter un isolement strict. Compte tenu de la situation exceptionnelle, les mesures essentielles semblent avoir été prises pour garantir un certain niveau de sécurité à ces patients.

Mais une enquête réalisée par Renaloo, ayant fait l’objet d’un article publié le 28 août dans le BMJ Opinion, montre néanmoins des lacunes importantes dans leur prise en charge pendant cette période. Près des trois quarts (73 %) ont ainsi rapporté des difficultés d’accès aux soins, et dans 86 % des cas en raison d’une décision médicale ou institutionnelle. Seulement un tiers des patients ont eu au moins un contact avec leur néphrologue durant les deux mois du confinement, en grande partie via la téléconsultation.

« Ce que montre bien l’enquête, c’est que les patients ont subi un report de soins important, note Yvanie Caillé, fondatrice de Renaloo et signataire de l’article du BMJ Opinion. Les consultations ont été annulées ou repoussées, et souvent à la demande de l’établissement ou du praticien. » L’enquête confirme ainsi un « effet Covid » qui avait été dénoncé par les associations de patients pendant et à la sortie du confinement.

 

« IL FAUDRA COMPARER LA MORTALITÉ »

L’activité de greffes rénales a elle aussi été interrompue entre le 15 mars et le 11 mai, note Yvanie Caillé. Cette situation peut s’expliquer en partie par un défaut de disponibilité des services de réanimation pour prendre en charge les donneurs décédés.

« Entre avril et mi-mai, 110 donneurs décédés ont été prélevés d’au moins un organe, mais pas des reins… Ce sont donc 220 greffes qui ont été perdues. On peut aussi se référer à l’activité de l’année passée. Entre mars et mai 2020, seulement 229 greffes ont été réalisées, contre 809 en 2018. C’est presque 600 greffes de rein en moins ! La perte de chances est difficile à évaluer, il faudra comparer la mortalité non liée au Covid-19 », précise Yvanie Caillé.

« Le risque est aggravé par le fait que nous [les patients atteints de maladie rénale chronique, NDLR] ne sommes pas suivis comme d’habitude, estiment les auteurs de l’article. En dépit de la disponibilité d’outils de communication modernes, peu sont patient-centrés, et le contact entre les professionnels de santé et les patients a été irrégulier. »

D’après l’enquête, un quart des patients en attente d’une intervention n’ont même pas été informés spécifiquement de la suspension des greffes.

RETOUR HAUT DE PAGE