Article publié dans Concours pluripro, mars 2021

 

Un petit rhume, une grosse coupure, une cheville foulée… Pour beaucoup de Français, le premier réflexe est de se rendre chez le pharmacien. Grâce au maillage serré des officines sur le territoire, elles sont souvent le premier accès possible aux soins, le plus facile, et un lieu qui peut donner une réponse à la demande des patients, même si celle-ci n’est que préliminaire dans un parcours de soins.

"Les soins non programmés, c’est un peu l’ADN du pharmacien, ils font partie intégrante de notre rôle, affirme Thomas Petit, pharmacien d’officine à Migennes (Yonne). Nous sommes ouverts de 8 h à 20 h, et un professionnel de santé avec un bac + 6 est disponible pour répondre aux patients, ceux qu’on suit habituellement, comme les autres… et c’est toujours sans rendez-vous !" La prise en charge des soins non programmés en pharmacie, Thomas Petit l’aborde aussi comme un triage, "qui est un terme assez intéressant pour décrire ce que nous faisons en officine". Et cette tâche est "réalisée la plupart du temps gratuitement, précise-t-il. Lorsque nous avons des demandes pour des maux de gorge ou des symptômes urinaires, nous repérons les signes de gravité afin de réorienter les patients en fonction. Les cas peuvent être un peu plus pointus, comme des symptômes de phlébite par exemple. Notre mission est de ne pas retarder les soins".

L’activité reste secondaire au regard de son rôle de suivi, mais il note que dans d’autres régions, notamment dans les zones touristiques, cet aspect de prise en charge des soins non programmés peut s’avérer bien plus développé.

Des protocoles compliqués

En MSP, les protocoles de coopération interprofessionnels créés par les textes du 6 mars 2020 permettent aux pharmaciens de prendre en charge en premier recours l’odynophagie, les allergies saisonnières, les brûlures mictionnelles et les éruptions prurigineuses chez l’enfant âgé de 12 mois à 12 ans. Mais pour Thomas Petit, "c’est trop compliqué, il y a trop de conditions". Ces protocoles requièrent notamment une formation des pharmaciens par les "délégants", les médecins généralistes. "Ça demande quelques heures, et nous sommes vite confrontés à des problèmes de disponibilité. Ensuite, les protocoles requièrent un système d’information partagé. Ce qui peut poser problème, car beaucoup de médecins ne souhaitent pas partager le dossier médical de leurs patients avec le pharmacien."

Enfin, Thomas Petit regrette que ces protocoles ne soient accessibles que dans le cadre d’un exercice coordonné. Car cette condition pose problème, même aux professionnels exerçant dans ce cadre. "Si une patiente se présente à la pharmacie avec des signes d’infection urinaire mais que son médecin traitant ne fait pas partie de la MSP, je ne peux rien faire ! Parfois, je me demande qui a pu penser que des protocoles présentés de cette manière seraient utiles..."

"C’est un peu frustrant, poursuit le pharmacien. Nous sommes disponibles, nous avons une formation adéquate – la prise en charge des soins non programmés est largement étudiée dans notre cursus –, les connaissances, les compétences… mais nous ne sommes pas utilisés. On espère que les protocoles soient simplifiés."

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