Mais pour améliorer la prévention en elle-même, lui et Clarisse Lhoste, autre invitée de cette table ronde et présidente du laboratoire pharmaceutique MSD, s'accordent sur un point : il faut multiplier les portes d'entrée et faire de l'"aller vers". Parce que plus encore que pour l'accès aux soins, les inégalités d'accès à la prévention sont particulièrement fortes. Par exemple, cite Pierre-Yves Geoffard, avant que le vaccin contre le Covid n'arrive, une enquête menée auprès des professionnels d'un hôpital révélait que le taux d'"acceptation spontané du vaccin était de 98 % pour les médecins, 70 % pour les infirmières et infirmiers, et 46 % pour les aides-soignantes et aides-soignants. Attention, rassure-t-il, cela ne veut pas dire qu'il y a 60 % d'"antivax". On parle d'acceptation et pas de refus. Il y a toute une zone grise." Mais cette inégalité n'est pas propre à la pandémie affirme l'économiste, "elle est vraie sur tous".
Pour combattre ses inégalités, "il faut des actions ciblées" avance Clarisse Lhoste, rejointe par Pierre-Yves Geoffard : "On ne peut pas imaginer qu'une même campagne de prévention permette de toucher l'ensemble de la population. Parce qu'elle est très différente d'un territoire à l'autre, socialement, économiquement, et culturellement. Il faut accepter d'avoir des discours et des actions différentes." Pour Pierre-Yves Geoffard, il ne faut pas penser du haut vers le bas, mais bien du bas vers le haut. "Il y a énormément de gens sur le terrain qui veulent faire des choses et qui veulent les faire bien. Mais tant que l'on continue de réfléchir à savoir quel est l'acteur entre Bercy, Ségur, ou la Cnam, on passe à côté du problème", estime l'économiste, qui préconise un changement d'organisation du système de santé.