Article publié dans Concours pluripro, mai 2022

"Janvier 2016, la loi de modernisation du système de santé crée les PTA, à destination des professionnels de santé confrontés à une situation "complexe". Juillet 2019, la loi définissant la stratégie de transformation du système de santé annonce leur disparition au profit des DAC, regroupant les PTA, les CTA des Paerpa, les Maia, les réseaux subsistants et optionnellement les Clic... La transformation/fusion/absorption en DAC doit être bouclée au 30 juin 2022, les dispositifs antérieurs disparaissant à cette date. On ne peut que difficilement nier la cohérence à regrouper les dispositifs d’appui et des effecteurs de coordination dans une seule entité. Mais qu’en est-il du côté des acteurs de soins et des patients, usagers, habitants et citoyens ?

Les PTA sont devenues opérationnelles à partir de 2018-19, promues par les professionnels de premier recours, "clients" de la PTA, et les autres composantes et partenaires. Tout cela sous l’action proactive des ARS qui ont promu la liquidation ou la conversion des réseaux au profit des PTA. L’objectif est orienté vers le soutien aux professionnels face à une situation qu’ils définissent eux-mêmes comme complexe, sans grille d’évaluation ou autre puissante matrice en 3D. Et ça marche ! Les professionnels sollicitent les PTA pour tous ces cas particuliers que forment leurs "situations complexes". Les coordinatrices d’appui les informent, les orientent vers des ressources, mettent en place des coordinations jusqu’à se déplacer au domicile du patient pour bien comprendre la situation… Bref, le fameux rêve de numéro/"guichet" unique que réclamaient les soignants depuis des décennies est là, et il sert à quelque chose, épargnant des recherches chronophages et pas toujours efficaces, sources d’autant d’épuisements professionnels.

Bien, très bien même. Mais voilà, ces appuis à la coordination ont l’air de doublonner, au moins partiellement, d’autres structures préexistantes, et en premier lieu les Maia, "maisons" installées depuis 2009 dans le cadre du plan Alzheimer puis reconverties en "méthode d’action" à partir de 2011, sans bouger l’acronyme au prix de l’utilisation de compétences lexicales exceptionnelles que l’étranger nous envie. Mais le nom reste. Pas forcément une mauvaise idée... En revanche, les doublons, ça ne va pas : manque de cohérence, de convergence, de capitalisation des efforts. Donc le DAC, qui reprend les missions des PTA, des Maia, de quelques réseaux survivants à la vague PTA et des CTA des Paerpa, va intégrer tout cela. Certes, la gouvernance se complexifie quelque peu : la PTA rassemblait professionnels de premier recours, en majorité libéraux, et établissements des trois champs de la santé avec des assemblées générales d’associations qui, peu ou prou, reflétaient ces composantes. Maintenant, avec le DAC, c’est plus compliqué : les collectivités territoriales, les usagers sont des composantes. Chaque ARS s’organise une doctrine régionale, plus ou moins directive, plus ou moins facilitante, plus ou moins comptable pour mettre ces dispositifs en place. Tout ça, c’est pour l’étage du dessus. Mais en bas, comment ça va se passer ?

Le fameux rêve du guichet unique que réclamaient les soignants est là
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