Avec les DAC, peut-on parler de "révolution" de la coordination ?

Marie-Aline Bloch
Marie-Aline Bloch,
professeure à l’EHESP

Le mot est un peu fort. Ce qui est "révolutionnaire", c’est le fait qu’il y ait une unification des dispositifs d’appui à la coordination : avant, on superposait les dispositifs alors qu’aujourd’hui, cet acteur unique a vocation à intervenir dans toute situation ressentie comme complexe. Mais ce n’est pas une rupture majeure… plutôt, une continuité, une marche qu’on franchit.

 

Quelle place les politiques publiques accordent-elles aujourd’hui à la coordination ?

La notion est présente depuis plusieurs années, avec notamment des programmes de formation à la fonction de coordinateur dès les années 1980. Ce n’est donc pas nouveau, mais on se rend de plus en plus compte de l’importance majeure de la coordination vu la complexité des situations liées au vieillissement, aux maladies chroniques et/ou à la conjonction de problématiques d’ordre sanitaire et social… Se coordonner est donc devenu une nécessité. Mais ce n’est pas suffisant. Car au-delà de la coordination de l’action entre professionnels, l’ensemble du système doit être en cohérence. Il faut donc une intégration des services.

Par exemple, à la sortie d’hospitalisation d’une personne âgée, le cadre de santé va prendre contact avec les services à domicile, mais s’il faut, à chaque fois, dépenser une énergie folle pour tout mettre ou remettre en place, c’est vite chronophage. Il faut donc un travail de coopération et de mise en lien entre les acteurs pour qu’on n’ait pas besoin de tout redécouvrir à chaque situation.

 

Vous menez, avec la chaire santé de Sciences Po Paris, un projet de recherche sur les DAC d’Île-de-France. Un premier constat ?

Je ne peux pas en dire grand-chose comme c’est une recherche en cours. Mais nous avons présenté, fin avril, nos résultats préliminaires à l’ARS. On a trouvé des acteurs très mobilisés dans ces DAC. Ils se démènent pour répondre aux situations individuelles tout en jonglant avec des diversités territoriales importantes et certains contextes locaux impactants.

 

L’EHESP propose une formation "Prendre ses fonctions de manager agile dans un DAC". Quelles compétences seront enseignées ?

C’est une formation que j’ai mise en place avec la DGOS et la Fédération nationale des dispositifs de ressources et d’appui à la coordination des parcours en santé (Facs). Elle a démarré en juin 2021 et nous avons déjà eu deux promotions, soit environ 80 personnes. On retrouve deux profils distincts : des membres d’équipes dirigeantes des DAC et des chargés de mission en ARS qui ont pour mission faciliter le déploiement de ces dispositifs. Elle compte deux grands modules : l’approche parcours (cadre réglementaire, gouvernance territoriale et stratégique, place des usagers…) et l’accompagnement des transformations des pratiques et organisationnelles du territoire sur la base d’un diagnostic partagé. L’idée, c’est de continuer à apprendre et à s’enrichir entre pairs.

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