Article publié dans Concours pluripro, novembre 2023
 

"La maison de santé des Forges se situe dans un quartier popu­laire du nord de la ville, et compte six médecins généralistes. Nous rencontrons des difficultés d’accès aux soins psychiques. Les délais sont très longs dans les centres médico-psychologiques (CMP), il n’y a quasiment plus de psychiatre en libéral, et les psychologues sont surchargés, en plus de représenter un coût pour les patients, rapporte Romain Bossis, médecin généraliste à la MSP et initiateur du projet. Depuis quelques mois, nous travaillons en collaboration avec les deux CMP du nord de la ville qui ont chacun une IPA en santé mentale. Nous nous sommes interrogés sur la façon dont nous pouvions attirer une population différente et réticente aux soins psychia­triques. La question s’est alors posée d’augmenter les liens entre les CMP, les IPA, et la MSP." Pour ce faire, l’équipe s’est inspirée d’une expérimentation menée dans le Maine-et-Loire qui proposait des consultations avancées d’IPA de l’hôpital au sein de la maison de santé.

 

Un véritable lien ville-hôpital

"Les IPA viennent à tour de rôle à la MSP tous les mardis après-midi, et disposent de trois créneaux d’une heure." Les patients sont adressés par le médecin généraliste lorsqu’ils correspondent aux critères d’inclusion. "Ils doivent être majeurs et nous devons avoir identifié une situation qui concerne la santé mentale (anxiété, syndrome dépressif, épui­sement professionnel…). Ils doivent également être du secteur nord de La Roche-sur-Yon (Bocage 1 et Bocage 2), ce qui repré­sente une difficulté, car certains patients de la MSP ne sont pas du bon secteur et ne peuvent donc pas entrer dans les critères d’inclusion, indique Romain Bossis. Ils ne doivent pas non plus avoir de suivi psychologique en ville."

L’objectif de ces séances est avant tout de réaliser un dépis­tage, du repérage et de l’orientation. "Nous ne sommes pas du tout dans une démarche de suivi ou de substitution à ce qui existe déjà. L’idée, c’est que les IPA fassent d’abord un premier accueil du patient. Elles peuvent le revoir jusqu’à trois fois et s’il y a besoin d’un suivi, elles font alors le lien avec le CMP, le psy­chiatre ou le psychologue en ville. Le but de cette expérimenta­tion est de prévenir grâce au dépistage, avant qu’on psychiatrise le problème." La consultation en MSP est prise en charge dans le cadre d’une consultation hospitalière. Elle procure plusieurs avantages aux patients. "Le premier, c’est la durée de la séance. Ensuite la consultation se déroulant à la MSP, l’accès est donc facilité, puisqu’il n’y a pas l’appréhension d’en­trer dans un hôpital psychiatrique." Pour l’heure, l’équipe n’a encore que peu de recul mais arrive tout de même à dresser un premier bilan. "Toutes les séances sont pleines. Concernant les retours que nous avons eus, les infirmières et les patients semblent très satisfaits. Les deux tiers d’entre eux vont d’ailleurs être revus par les IPA d’ici deux semaines à un mois", précise Romain Bossis.

Crédit : MSP des Forges

Concernant l’aspect financier du dispositif, la MSP met à disposition les locaux et le logiciel. "Nous sommes valo­risés au niveau de l’ACI. Ce petit financement nous permet de compenser l’occupation du bureau, l’agenda et le logiciel. Les in­firmières demeurent des salariées de l’Établissement public de santé mentale (EPSM) Georges-Mazurelle. Elles sont conven­tionnées avec la MSP et sont détachées à tour de rôle, une demi-journée tous les quinze jours. Elles sont sous la supervision d’un psychiatre de l’EPSM, vu que la loi ne permet pas d’avoir une coopération entre une IPA spécialisée en pathologie santé men­tale et un médecin généraliste."

 

 

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