"Les soignants ne sont pas des combattants." Certes, mais face à la hausse de l'agressivité des patients, les professionnels se forment. À Redon, en Ille-et-Vilaine, la CPTS organise des ateliers de formation à la prévention des agressions. "Lorsque l'on a fait une enquête sur les besoins auprès des professionnels de santé du Pays de Redon, cette question est revenue fréquemment", confie Ludivine Gauthier, coordinatrice de la CPTS au quotidien Ouest-France. Au sein du centre hospitalier, "il est arrivé qu'il y ait des coups portés à des agents", assure Patrick Besson, directeur de l'établissement. Même son de cloche en médecine de ville : "En tant que médecin généraliste, on est moins au premier plan, ce sont les secrétaires qui subissent les humeurs de certains patients." Pour autant, ce jeune médecin constate qu'"ils élèvent le ton, frustrés de ne pas avoir ce qu'ils demandent, ordonnances, certificats… certains patients veulent tout, tout de suite." 

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La CPTS Pays de Redon organise donc des ateliers, en lien avec le Groupe Pasteur mutualité, qui travaille depuis plusieurs mois avec un ancien chef opérateur du Raid, Christophe Hernandez. Ce policier, expert en négociation de crise, a exercé 17 ans au sein de ces équipes d'élite. Selon lui, "les outils que l'on a développés sur le terrain peuvent être appliqués au quotidien, tant par le soignant que par les agents d'accueil. […] On ne peut pas éviter toutes les situations d'agressivité, mais on peut enseigner les techniques pour dès que c'est possible, faire baisser le niveau de tension dans les échanges." 

Deux ateliers de 3 heures

Une quarantaine de professionnels de santé et d'agents d'accueil ont ainsi participé aux deux ateliers de trois heures, proposés au centre hospitalier. La formation débute par un travail sur soi : "C'est important de se connaître, affirme le policier. On a tous des particularités, des caractères différents. Une fois que l'on a fait son auto-bilan, on peut éventuellement proposer une communication plus adaptée vis-à-vis de l'agressivité. C'est impressionnant d'avoir face à soi un groupe de personnes ou un individu qui commence à vous insulter, vous menacer de mort, s'approcher de vous dangereusement. Généralement, enseigne-t-il, ça fait perdre la lucidité à des personnes qui ne sont pas préparées." Les participants se sont donc exercés sur les thématiques de la gestuelle, de la vigilance et de la communication verbale et non-verbale. L'atelier va même plus loin en proposant, en fin de session rapporte le journal, une initiation à la self-défense. "Les soignants ne sont pas des combattants", rassure-t-il. Mais "on leur donne les clés pour se protéger" insiste Christophe Hernandez. 

[Avec Ouest-France
 

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