Billet publié dans le dossier de Concours pluripro, novembre 2023
 

"Concours pluripro l'écrivait en novembre 2022 : "L'exercice isolé produit des actes, la coordination produit des parcours"... Il s'agit alors d'une prise en charge globale alliant pertinence, qualité et disponibilité. Or c'est loin d'être le cas, alors même que le principal frein à cette prise en charge globale est justement la difficulté d'accès aux soins et aux ressources tant par déficit démographique que par clivage des différents exercices professionnels, y compris en soins primaires.

Et si les initiatives tendent à diffuser et valoriser ce type d'exercice coordonné, elles le font de manière encore trop marginale : seules 25 % des CPTS sont opérationnelles, et les maisons et centres de santé ne couvrent qu'à peine 15 à 20 % de la population française. Pour preuve de cette absence d'appétence pour ce mode d'exercice, les montées au créneau des syndicats professionnels dès qu'il s'agit de transférer des activités ou des compétences à d'autres professionnels : des médecins vers les pharmaciens ou les IPA, des psychiatres vers les psychologues, des kinés vers des enseignants APA ou même des infirmières vers les aides-soignantes...

Les principaux freins à cette interdisciplinarité semblent être l'ignorance des compétences et de la qualité du travail des autres et le refus d'une quelconque subordination, comme le fait d'être prescrit. Autant de réticences qui ne semblent pas exister au sein des communautés hospitalières. Certes, les nouvelles générations peuvent recevoir cette formation à l'université ou à l'hôpital, mais ces blocages sont profonds pour les générations précédentes – précisément celles qui sont sur le terrain actuellement.

Du point de vue des patients, la seule manière de briser ces tabous passe par une modification des mentalités et des pratiques que seule la formation continue peut apporter. C'est réellement un choc culturel qu'il faut produire. Pourquoi ne pas imposer dans les parcours DPC un minimum d'actions interprofessionnelles ? Pourquoi ne pas imposer dans le parcours de la certification périodique, en cours de construction, ce type d'actions, notamment dans l'axe "Activité professionnelle" ou comme une perspective d'expérience patient dans les prises en charge globales ? C'est aux Conseils nationaux professionnels (CNP) de prendre le taureau par les cornes.

Pour nous, patients, il est impératif que chaque professionnel cesse de jouer perso et qu'il joue collectif. Il n'y aura pas de changement réel, durable et généralisé sans un accompagnement significatif de ce changement culturel, notamment au niveau de la formation continue. Il ne suffit pas de flécher des budgets spécifiques à l'interprofessionnalité, il faut inciter fortement, si ce n'est imposer, ces cursus dans la formation continue et le processus de certification périodique pour tous les professionnels de santé."

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