Parmi les expérimentations "article 51" portées par les acteurs de santé dans les territoires, certaines, nationales, émanent d’un appel à manifestation d’intérêt du ministère de la Santé et de l’Assurance maladie. C’est le cas du modèle "Paiement en équipe de professionnels de santé" (Peps), qui teste un paiement collectif forfaitaire alternatif à l’acte. Les professionnels de santé (médecins généralistes et infirmières) exerçant dans une structure de ville déjà constituée (maisons ou centres de santé par exemple) se portent volontaires pour être rémunérés au forfait, en substitution de l’acte, pour trois types de patientèle : soit sur l’ensemble de la patientèle "médecin traitant" des médecins généralistes ou du centre de santé ; soit sur la patientèle "médecin traitant" des personnes âgées de plus de 65 ans ; soit sur la patientèle "médecin traitant" diabétique (de type 1 ou 2).
 

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"Les forfaits sont versés à la structure, et non aux professionnels de santé, en début de trimestre, et ce pour l’ensemble de l’équipe participante, qui doit être composé a minima de cinq professionnels de santé dont trois médecins généralistes et un infirmier", a précisé Pierre Bergman, responsable du Département diffusion, analyse prospective et relations internationales à la Cnam, lors d’un atelier dédié à la journée JeXCo. Les professionnels sont libres dans l’utilisation du forfait. Actuellement, 15 équipes ont basculé au paiement forfaitaire en équipe, à savoir 3 maisons de santé et 12 centres de santé. 80 % de la rémunération totale des équipes est substituée par Peps, qui concerne plus de 50 000 patients.

L’expérimentation "Incitation à une prise en charge partagée" (Ipep) est "potentiellement" complémentaire à Peps. "Le forfait est additionnel à l’acte, a expliqué Pierre Bergman. Il s’agit d’une forme d’intéressement versé une fois par an, à un groupe d’acteurs en santé, mettant en œuvre des actions collectives pour leur patientèle commune et décidant du fléchage." Une atteinte de résultats en matière de qualité et de maîtrise des dépenses de l’Assurance maladie conditionne le versement du forfait. "La somme est un bonus, variable, ce qui engendre une forme d’incertitude car elle est liée à l’atteinte de résultats", a souligné Pierre Bergman. 30 groupements expérimentateurs sont répartis dans 14 régions, avec plus de 400 médecins traitants participants et environ 500 000 patients concernés.

"Dans les deux cas, l’objectif est d’encourager à des prises en charge collectives et pluriprofessionnelles, a ajouté le représentant de la Cnam. Et tout l’intérêt de l’article 51 est de permettre une forme de recherche en vie réelle, en donnant la possibilité aux professionnels de ″faire autrement″.

Cas concret aux Allymes

Au sein du pôle de santé des Allymes Plaine de l’Ain, situé à Ambérieu-en-Bugey (Auvergne-Rhône-Alpes), 12 professionnels de santé participent aux expérimentations Peps et Ipep. "Cela fait 25 ans que je suis médecin généraliste, nous avons à peu près tout testé, et à chaque fois, nous estimions être limités par le paiement à l’acte", a reconnu Olivier Beley, médecin généraliste au sein du pôle. Lorsque l’équipe a pris connaissance de l’AMI, "nous avons saisi l’occasion, car les expérimentations nous paraissaient résoudre tous nos problèmes en rendant possible le partage et la répartition des tâches entre les acteurs, sans créer de tension", a-t-il confié, satisfait que l’équipe dispose en début de trimestre d’un budget prévisionnel. Aujourd’hui, les professionnels expérimentent les deux modèles "en toute sécurité financière".

"Nous modifions nos organisations car nous pouvons financièrement nous le permettre, se félicite-t-il, précisant que les membres de l’équipe se rémunèrent en taux horaire. Ces expérimentations solidarisent le groupe, qui mène des actions collectives, chacun de nous pouvant se concentrer sur ses compétences pour une prise en charge bio-psycho-médico-sociale des patients." À titre d’exemple, l’équipe effectue désormais beaucoup plus de revues de dossiers conjointes, entre l’infirmière en pratique avancée (IPA), l’infirmière de parcours et deux médecins, afin de définir la stratégie de prise en charge.

 

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