Jeanne Villeneuve
  Jeanne Villeneuve © J. V.

Article publié dans Concours pluripro, décembre 2024
 

C'est une femme de caractère et de conviction, droite dans ses bottes et qui ne mâche pas ses mots sur certains sujets d'actualité, notamment sur la suppression envisagée de l'aide médicale d'État (AME). Une mesure qu'elle juge "raciste" : "Tous les rapports sur le sujet ont démontré que cette aide était indispensable à la santé publique et à l'équilibre financier des hôpitaux. La justification économique de cette suppression est fausse. Le jour où l'AME va disparaître, nos 900 patients qui en bénéficient vont se retrouver aux urgences de Lariboisière et Saint-Louis, qui croulent déjà sous la demande. C'est très mal connaître le terrain que d'envisager une telle mesure..."

 

Démarrage par l'innovation

Née à Paris, Jeanne Villeneuve a grandi à Antony, dans les Hauts-de-Seine, et a été élevée dans l'esprit du soin à l'autre par ses deux parents, travailleurs sociaux. À la fin de son internat, elle obtient deux diplômes universitaires, un DES et une thèse de médecine, dans le domaine du dépistage du VIH et la prise en charge des patients. Six mois d'exercice en tant que médecin généraliste en libéral lui suffisent pour comprendre qu'elle n'aime pas l'isolement d'un cabinet en ville, que les tâches administratives inhérentes à ce mode d'exercice l'éloignent de son métier. Un stage d'internat au sein du centre de santé Richerand a entretemps confirmé ses intuitions – elle a envie de travailler en équipe, en exercice coordonné et pluridisciplinaire.

En 2018, année où elle soutient sa thèse, Jeanne Villeneuve est contactée à la fois par le centre de santé et par l'hôpital Lariboisière-Fernand-Widal (AP-HP). Au même moment, l'ARS Île-de-France ouvre des postes partagés entre la ville et l'hôpital. Sa candidature acceptée, la jeune médecin généraliste plonge dans une expérience novatrice, riche en enseignements pour un système de santé à bout de souffle. "Mes missions consistaient à aller au-devant des patients de l'hôpital, à les orienter vers une prise en charge en ville, mettre en place un staff autour des situations complexes, faciliter l'adressage hospitalier..." Nicolas Delaplace, médecin généraliste, évalue le dispositif dans le cadre de sa thèse. Sur les 1 300 patients adressés par les services hospitaliers entre 2018 et 2022, 900 ont été vus en consultation intrahospitalière d'évaluation et d'orientation et 83 % sont suivis au centre de santé Richerand. Leur profil : des personnes vulnérables, précaires, avec des pathologies chroniques – en un mot, nécessitant une médecine très sociale.

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