Il n’a laissé le choix à personne. Président de l’Union syndicale des médecins de centres de santé (USMCS) depuis quatorze ans, le Dr Éric May, 53 ans, avait averti depuis quelque temps déjà : il ne se repré­senterait pas en 2020 pour briguer un énième mandat. "Ça me paraissait important qu’il y ait un renouvellement de personnes, mais aussi d’éléments de langage", explique-t-il. Ainsi, lors de l’assemblée générale le 7 juillet dernier, Frédéric Villebrun, généraliste à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne), a pris les rênes de l’USMCS, pour le plus grand plaisir de son prédécesseur : "On se connaît bien. Et tel que j’ai pu le voir, le nouveau président est dans la ligne de ce que l’on a pu porter pendant un certain nombre d’années."

Pas question toutefois d’abandonner ce qu’il a construit : Éric May reste vice-président de l’USMCS et président du congrès annuel, devenu, sous son impulsion, "le" rendez-vous de la rentrée. Un moyen de lâcher du lest tout en poursuivant la promotion de ce mode d’exercice regroupé, le seul capable d’offrir une médecine totale­ment dédiée au patient, "humaniste", selon le praticien fils de gardiens d’im­meubles à Montreuil (Seine-Saint-Denis). "Dès que j’ai commencé à exercer en libéral, je me suis rendu compte qu’il y avait quelques limites. Bien sûr, on a des relations parfois fortes avec d’autres professionnels de santé, mais ça me paraissait insuffisant par rapport à ce qui semblait nécessaire à la bonne prise en charge d’un patient. Le modèle des centres de santé m’a paru alors le modèle d’avenir, à multiplier, à généraliser, en raison de ses missions d’accessibilité sociale aux soins. Des missions que j’ai qualifiées très tôt de service public."

Un "effet domino"

Pourtant, avant de rencontrer, en 1996, Michel Limousin, ancien directeur du centre de santé municipal (CMS) de Malakoff, le Dr Éric May, alors tout jeune remplaçant, ne connaissait pas grand-chose à ces structures. "Quand j’ai commencé mes études, j’étais comme tout le monde : il y avait, d’une part, la médecine libérale et, de l’autre, la méde­cine hospitalière. Ça a donc été la rencontre avec la structure, le mode d’exercice et surtout la rencontre avec un homme qui, au-delà des paroles, a réussi à construire quelque chose." C’est le déclic. Le même qu’il avait eu lorsqu’il a accepté qu’il ne serait pas professeur d’histoire ou de sciences naturelles mais bien médecin. "Dans ma famille, on voyait rarement le médecin traitant, alors ce métier me paraissait inaccessible. La vocation ne m’est venue que progressivement."

Une belle réussite pour ce jeune qui s’était inscrit dans ce parcours après avoir vu ses premiers choix refusés à la suite d’une erreur. Aux côtés de Michel Limousin, Éric May se sent capable de s’impliquer totalement. Après sa thèse, en 1997, il rejoint à temps complet l’équipe pluriprofessionnelle formée dans la ville communiste des Hauts-de-Seine. Une équipe qu’il n’a, depuis, jamais quittée.

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