Il faut "déployer" plus de collectif, sur une base de confiance et de missions partagées entre professionnels. De nombreux exemples positifs existent sous les différentes formes d’exercice coordonné précitées. Les professionnels se connaissent, se font confiance, organisent plus facilement leur emploi du temps, intègrent les nouveaux métiers (assistants médicaux, infirmières, infirmières en pratique avancée, infirmière de santé publique ou Asalée, médiateurs en santé…). Ils sont attentifs aux innovations qu’offrira l’intelligence artificielle dans les soins primaires (tri et analyse de données, aide au diagnostic permettant de gagner du temps médical ou détection précoce des maladies en ciblant mieux des facteurs de risques, etc.). Ils s’impliquent déjà dans des actions menées en partenariat avec des institutions, des patients partenaires ou d’élus et équipes des services des collectivités ainsi que les acteurs impliqués dans la prévention et la promotion de la santé dans les contrats locaux de santé et de projets territoriaux de santé mentale.
C’est en faisant équipe, comme le défendent les fédérations des MSP (AVECsanté), des centres de santé (FNCS), des CPTS (FCPTS), que ce type d’organisation peut fonctionner. On ne peut plus raisonner par profession. Le cloisonnement et la quête de reconnaissance catégorielle entravent le lien nécessaire entre les métiers du soin primaire et laissent la place à de fausses solutions comme les télécabines de consultations déconnectées des territoires ou des centres de soins dédiés uniquement aux petites urgences sans prise en compte des parcours. Travailler ensemble est la seule voie rapide à emprunter pour sortir des difficultés actuelles, limiter le consumérisme et redonner aux professionnels du premier recours la qualité d’exercice et le sens de leur métier. Ce que bon nombre d’entre eux appellent de leurs vœux.
Aussi, le métier de médecin généraliste est appelé à se transformer pour relever les défis du système de santé. Les pratiques devront être plus collaboratives et centrées sur le patient, impliquant une coordination étroite avec les autres professionnels de santé et une prise en charge globale des patients. Pour faire face à ces évolutions, le médecin généraliste devra renforcer très vite ses compétences en leadership, en communication interprofessionnelle et en travail d'équipe.
Maintenant que les outils sont en place (protocoles, systèmes d’information partagés, nouveaux métiers, …) et appropriables par tous, adaptables par territoire, la profession de médecin généraliste doit réaliser sa mutation pour s’engager dans les transformations en cours. Sinon elle risque de disparaître. Ce serait une erreur de se retrancher derrière des alibis d’immobilisme encore bien souvent énoncés : la relation malade/médecin, le secret professionnel, les mauvais choix du passé… Des processus de soins protocolisés et encadrés par des algorithmes (IA) doivent rendre vigilants certes, mais ils pourraient favoriser les approches humanistes de la médecine en consacrant, en équipe, plus de temps de dialogue avec les patients. Donnons aux acteurs les moyens d’initiatives guidées par une vision engagée et des outils (formation, ingénierie, valorisation financière), choisissons avec eux les indicateurs d’engagement et faisons leur confiance dans leur implication.