L’équipe de soins traitante est une notion que vous défendez. Pourquoi ?

Aujourd’hui, ma conviction profonde est que le besoin est plus qu’avéré. D’ailleurs, presque deux tiers de nos concitoyens en appellent à ce type d’exercice. Cela correspond donc à un réel besoin, une vraie perception d’une plus-value. Qui plus est, quand on sait que 87 % des Français vivent dans un désert médical, que près de 10 % n’ont pas de médecin traitant, que beaucoup doivent renoncer à des soins pour des raisons territoriales (accès trop compliqué, refus de nouveaux patients, délais souvent très longs), imaginer qu’on pourra répondre à la transition démographique sans adaptation profonde de l’organisation du système de santé semble totalement illusoire.

Il faut accompagner ceux qui veulent aller vers ce mode d’exercice… L’idée n’est pas d’imposer mais plutôt d’être facilitant et d’espérer que, par la force de l’exemple et de l’efficacité, on saura convaincre les réticents. D’autant qu’on a des exemples, notamment avec le programme Asalée, qui montrent que les compétences partagées avec l’intervention d’infirmières aux côtés des médecins, ça fonctionne bien, même très bien, et que cela donne de meilleurs résultats en termes d’éducation thérapeutique et d’observance. Aujourd’hui, le besoin en soins augmente et va exploser dans les années à venir. On a tout intérêt à l’anticiper le mieux possible.

Comment définir cette équipe traitante ?

Il y a déjà le socle : médecin, infirmière et pharmacien… Et en fonction des besoins et du patient, on vient y greffer des sages-femmes, des kinés, des psychologues, etc. Tous ces soignants qu’il peut être utile d’associer pour une prise en charge globale, à travers notamment des compétences partagées. Il faut aussi, à l’échelle territoriale, utiliser tous les leviers que permet le numérique. Si on veut éviter des soins redondants, et donner aux professionnels les moyens pour que cela fonctionne, on doit miser sur ces outils. Pour que ce soit une évidence, un réflexe.

Cela passe aussi par une question de rémunération ?
Évidemment. Si on demande aux paramédicaux de faire davantage et de prendre plus de responsabilités, ça nécessite de mieux les payer. Et de la même façon, si on demande au médecin de se concentrer sur les tâches à forte valeur ajoutée, il faut que la rémunération en tienne compte. Prenez la filière ophtalmologie. Est-ce que dans notre pays on a besoin de plus d’ophtalmologues ? Si on fait un sondage, tous les Français vous diront « oui ». Mais en les orientant essentiellement vers les pathologies liées à l’oeil et en transférant le reste de la prescription aux orthoptistes,on voit que ça peut fonctionner. D’ailleurs, là où c’est mis en oeuvre, les délais de prise en charge n’ont plus  rien à voir : on n’attend plus huit à douze mois, comme c’est le cas dans certains territoires.

 

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