"Je suis arrivé à la maison de santé à 15h, je suis sorti à 22h30, pour une consultation, tellement il y avait de monde." Ce témoignage d’un retraité de 73 ans qu’a livré hier France 3 Bourgogne-Franche-Comté, atteste de la situation à Champlemy (Nièvre), "un village de 250 habitants environ" "on n’a plus rien". Et si, raconte-t-il, "la pharmacienne essaie de nous dépanner, mais à un moment, il faut pouvoir consulter" : "J'ai été malade, je suis allé à l'hôpital à Clamecy, ils n'ont rien pu faire. J'ai appelé le 15 qui m'ont orienté vers la maison de santé à Nevers à 35 km. Je suis arrivé à 15h, je suis sorti à 22h30 !"

"On avait une infirmière à Champlemy, elle est partie"

Et pourtant, le retraité s’estime chanceux "Moi, je peux me déplacer, j'ai ma voiture. Mais je suis plus qu'inquiet pour la suite. Je suis allé demander à l'hôpital à Nevers comment on pouvait faire, on m'a dit : ‘on ne peut rien faire !’. S'il faut rendre service [aux voisins, NDLR], c'est pas un problème, moi je peux aider ! Mais c'est pour aller où ? Avec un voisin, on s'est dit qu'on pouvait aller à Auxerre et essayer de trouver un médecin ! Partout ailleurs, on nous dit qu'ils ne prennent pas de patients supplémentaires."

Renouveler des ordonnances ou tout simplement consulter se révèle être compliqué car les consultations sont saturées, note le journal régional : "On avait à Clamecy une possibilité de consultation sans rendez-vous le samedi matin. Mais il faut partir d'ici à 5-6 heures du matin pour arriver le premier, car à midi c'est fermé !", poursuit le patient qui s’inquiète pour l’avenir. "Depuis 2017 avec ma femme, on est sur la Nièvre, avant on était en région parisienne. Je commence à me poser la question si je n'ai pas fait une bêtise de m'installer ici. J'étais tellement heureux quand j'étais arrivé, la tranquillité, la qualité de vie, mais franchement depuis cette année, je me suis dit que j'ai peut-être fait une bêtise. Là on n'a plus rien. On avait une infirmière à Champlemy, elle est partie. Je me pose la question du déménagement, on a des bons amis, si je m'en vais c'est avec des grands regrets, mais c'est uniquement à cause de ce désert médical", confie-t-il à France 3 Bourgogne-Franche-Comté.

"Faire bouger les lignes"

Pourtant, les communes se bougent, assurent le retraité : "Honnêtement, les maires de Varzy et Champlemy, ils font ce qu'ils peuvent. Mais c'est pas normal que des choses comme ça se produisent, nous, on se voit mourir à petit feu !" Ce que confirme Gilles Noël, maire de Varzy : trois médecins sont partis depuis novembre, mais affirme-t-il, "les collègues autour assurent une période de transition, on ne sait pas jusqu'à quand". Un accord existe également avec le centre hospitalier de Clamecy et les urgences pour monter avec l’ARS "un dispositif temporaire avec une infirmière en pratique avancée et avec un médecin de Clamecy, et qui accepte de venir une demi-journée et d'être en supervision avec les autres", poursuit celui qui est également président de l'Association des maires ruraux de la Nièvre.

Si Gilles Noël pense qu’il faudrait "faire bouger les lignes, sur l'installation, les conditions d'accompagnement des nouveaux qui deviennent les futurs médecins", il est convaincu que le seul levier activable, dans l'immédiat, serait le recours aux maisons de santé, et au salariat des médecins, précise le journal : "Le salariat des médecins généralistes, cela reste la seule ressource que les conseils départementaux peuvent mettre en œuvre."
 

[AVEC France 3 Bourgogne-Franche-Comté]
 

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