La reprise des négociations conventionnelles à la mi-novembre n’aura pas suffi à calmer la grogne des médecins généralistes libéraux. Plusieurs d’entre eux ont ainsi augmenté le tarif de leur consultation, la faisant passer de 26,50 € comme prévu par le règlement arbitral, à 30 euros pour les adultes et 35 euros pour les enfants. C’est notamment le cas de Luc Duquesnel, président des Généralistes-CSMF, et de plusieurs de ses confrères du pôle de santé de Mayenne (Pays de la Loire). "C’est un mouvement national, des médecins généralistes de secteur 1 ont fait ce choix partout en France", explique-t-il à Ouest-France.

Une augmentation pratiquée avec "tact et mesure", assure-t-il, et appliquée par "une bonne partie des médecins du pôle, mais pas tous". Si le médecin justifie cette augmentation par une "explosion des charges depuis deux ans", ses confrères et lui s’exposent, avec ces dépassements d’honoraires, à des sanctions a précisé l’Assurance maladie. "Une consultation de 30 à 45 minutes à 26,50 euros ne permet pas de payer toutes les charges. C’est pour ça qu’on voit de moins en moins de médecins qui s’installent", insiste le médecin. Cette flambée des charges fera d'ailleurs partir une dermatologue le 31 décembre prochain, et une psychologue au printemps 2024.

 

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Malgré cela, le président de la CSMF dévoile qu’il n’applique pas ce tarif à tous ces patients, notamment à ceux en situation de précarité ou les bénéficiaires de la couverture maladie universelle (CMU) ou de la complémentaire solidaire (C2S). "Les patients qui n’ont pas de complémentaire santé paient seulement le tarif remboursé par la Sécurité sociale", indique le médecin du pôle de santé.

Une situation inacceptable pour Pascal Grandet, président d'Audace 53, une association de défense des intérêts des usagers des services de santé publique du nord-Mayenne. "C’est anormal et moralement condamnable de faire payer les gens pour des choses sur lesquelles ils n’ont pas de prise. C’est légitime que les médecins veuillent renégocier leurs tarifs mais ce n’est pas admissible de faire payer les patients", martèle-t-il. Il appelle les patients du pôle de santé à refuser de payer ces 3,50 euros supplémentaires. Même discours pour Jean-Pierre Le Scornet, maire de Mayenne. Il regrette que "celui qui paie, c’est l’assuré social qui ne sera pas remboursé. Ce n’est pas normal".

Depuis la mise en place de cette hausse des tarifs début novembre, "aucun patient n’a fait une réflexion", indique Luc Duquesnel. "Ils trouvent que c’est justifié. Ils comprennent pourquoi il y a de moins en moins de médecins traitants."

 

[Avec Ouest-France]

 

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