C’est “une innovation pédagogique à inscrire dans les textes réglementaires”. Lors d’un colloque organisé au ministère de la Santé le 23 janvier dernier, la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) et la Direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle (Dgesip) ont présenté un rapport sur la participation des patients à la formation initiale des médecins. Premier constat : seuls 18 % des collèges d'enseignants en médecine l’ont intégrée à leurs recommandations, soit un total de 7 collèges. Sur les 29 collèges autres, 17 (45 %) l'envisageraient et 11 pas du tout, révèle une enquête réalisée en septembre 2022 par la Coordination nationale des collèges d’enseignants en médecine (CNCEM). 

Lors du colloque, Marie Daudé, directrice générale de l'offre de soins, a dressé un rapide état des lieux de la situation. Si la participation des usagers ne connaît pas aujourd'hui de cadre national, des bases législatives ont tout de même permis à quelques initiatives de terrain de se développer. Depuis 2019 en effet, la loi prévoit que les études médicales doivent "favoris[er] la participation des patients". Fin 2022, la DGOS a finalement lancé le projet "Patient partenaire formation", dont le comité de pilotage mis en place en 2023, a dressé un premier constat : si les bénéfices de la participation des patients à la formation initiale semblent "faire consensus", "peu de travaux scientifiques démontrent sa valeur probante", affirme Marie Daudé. 

Dès lors, comment – et sous quelles conditions – encourager la participation des patients à la formation initiale des médecins ?  La DGOS et la Dgesip dressent 23 recommandations pour esquisser "les contours d'un cadre national".  
 

Un déploiement en cours, mais "très hétérogène"

Si seuls 18 % des collèges d'enseignants ont intégré la participation du patient aux recommandations de modalités d’enseignement de leur spécialité, cette intégration du patient à la formation initiale peut aussi être du fait des universités. Ainsi, une autre enquête réalisée en 2022 avec le consortium interuniversitaire pour la VAE des savoirs expérientiels issus de la vie des malades et/ou en situation de handicap, rapporte que 27 sites universitaires impliquent les patients et que 9 d'entre eux ont créé une structure dédiée. 

 

La participation des patients à la formation initiale des médecins : une démarche déjà engagée sur le territoire. Crédit : Luigi Flora, co-directeur patient du centre d’innovation du partenariat avec les patients et le public, université de Côte d’Azur 


Mais ce déploiement reste aujourd'hui "très hétérogène", rappelle Marie Daudé. En atteste le niveau d'engagement et la diversité des statuts envisagés pour les patients. Bénévolat, enseignant-vacataire, formateur extérieur à l'administration, conventionnement ou contractualisation sont autant de modèles envisageables. 
 

RETOUR HAUT DE PAGE