"Nous observons un changement de cap radical pour la médecine libérale. De libérale, il n’en restera que le nom." C’est par ces mots que Valérie Briole, présidente de l’URPS ML Ile-de-France, Natacha Regensberg de Andreis, secrétaire générale adjointe, et Bertrand de Rochambeau, vice-président, ont entamé la présentation de leurs chiffres sur la situation de la médecine libérale en Ile-de-France.

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C’est le nombre de médecins libéraux, qu’a perdu la région entre mai 2022 et mai 2023. Ce chiffre vient en grande partie du taux très important de médecins généralistes non remplacés, qui grimpe à 41 % (592 départs à la retraite et 348 installations). "Depuis 2010, la région a perdu 4 096 médecins libéraux dont 2 065 généralistes. La tendance semble se poursuivre, et même s’aggraver depuis ces douze derniers mois", s’inquiète Valérie Briole. Du côté des médecins spécialistes, la dégradation est un peu moins importante mais toute même présente : 110 d’entre eux n’ont pas été remplacés entre 2022 et 2023.

18 %

Il s’agit du pourcentage de jeunes entre la 2ᵉ année et la dernière année d’internat, qui abandonnent leurs études. "Des jeunes médecins se sont penchés sur les raisons. En premier lieu, il semblerait que pour les internes, cela soit dû à des raisons sociales, notamment pour des problèmes de logement mais aussi de cumul avec un autre emploi pour s’en sortir", confie Valérie Briole. Cependant selon l’URPS, il faudrait doubler le nombre de postes d’internes en Ile-de-France (soit 1 500 de plus) ces trois prochaines années, pour revenir à un effectif de médecins libéraux équivalent à celui de 2010.

Or en 2022, le ministère n’a accordé que 17 postes d’internes supplémentaires et cette tendance devrait a priori se poursuivre pour 2023. De plus, les effets du numerus apertus ne devraient être visible qu’à partir de 2030.

4100

C’est le nombre de médecins français qui exerceraient hors de l’Hexagone. Pour rappel, ils étaient 3 600 en 2015. Selon l’URPS, ce chiffre risque de fortement augmenter si rien n’est fait pour relance l’attractivité de l’exercice libéral. Selon l’enquête de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf) publiée en janvier 2023, 56,9 % des étudiants réfléchiraient de plus en plus à exercer en dehors de la France, et 3,5 % sont sûrs de le faire. Pour la médecine générale, ils sont 54 % à y réfléchir et un peu plus de 5 % à en être certains.

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C’est le total d’actes réalisés par un médecin généraliste en 2022. En 2015, ce chiffre s’élevait à 4 459, ce qui correspond à une hausse de 5 %. "Il y a de moins en moins de médecins libéraux, mais ceux qui restent travaillent davantage", confie Natacha Regensberg de Andreis. Cette hausse est d’autant plus vraie pour les femmes, puisque ces dernières ont augmenté leur volume d’actes de 10 % (contre 2,5 % pour les hommes). "Pour compenser la perte démographique, on nous demande de soigner plus mais moins bien."

14

C’est la proportion de médecins généralistes en cumul emploi-retraite. Ce chiffre est en constante augmentation depuis plusieurs années, cependant pour l’URPS, les propositions de loi Valletoux et Garrot, sont "des projets de contraintes qui découragent la poursuite de l’exercice. Bon nombre de médecins nous font part de leur souhait d’arrêter leur activité, et bon nombre de jeunes médecins nous font part de leur souhait de ne plus s’installer alors que leur projet était presque abouti", précise Valérie Briole.

Enquête

Charge administrative : 92% parlent de stress...

La commission des médecins spécialistes de médecine générale de l’URPS médecins Ile-de-France, a mené entre février et mars 2022, une enquête sur la qualité de vie au travail des généralistes libéraux de la région. Ils ont attribué la note globale de 6,1/10, une moyenne jugée plutôt faible par les répondants. La principale source de stress est la charge administrative (92 %), mais aussi le principal motif d’insatisfaction (82 %). La désertification et sa conséquence sur l’allongement des délais de rendez-vous, est considérée comme une source de stress pour 85 % d’entre eux. 69 % des médecins estiment que leurs conditions se sont dégradées et 73 % déclarent qu’ils ne pourront pas continuer à ce rythme dans les années à venir, c’est pourquoi ils sont 41 % à envisager de changer de mode d’exercice ou à s’arrêter.

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