Lundi 27 mai, 18h, rez-de-chaussée de la maison sport-santé de l’Agora à Évry-Courcouronnes (Essonne). Louise* est à l’heure pour son "rendez-vous" : une séance de krav-maga organisée par la CPTS Centre-Essonne. À ses côtés, trois autres femmes, patientes, comme elle. Toutes sont saluées d’un chaleureux "Bonjour ! Comment ça va ?", de Willy Deshayes, instructeur en self-défense (krav-maga principalement). Il consulte la messagerie du groupe pour voir si d’autres vont arriver. Pas cette fois. Souvent, elles sont plus nombreuses.   

Les participantes sont de "tous âges, physiques, origines, et confessions. C’est extrêmement mêlé, c’est aussi ça qui est intéressant", décrit Christophe Alirol, co-président, avec Hemann Mbongo, de la CPTS. Mais elles ont deux points communs, relève Virginie Loze, médecin généraliste à la MSP des Aunettes, à l’origine de l’action : une "souffrance psychologique bien identifiée", de causes variées (trauma de l’enfance, violence conjugale, viol, dépression, etc.) Et un “blocage” qui les empêche de prendre elles-mêmes une telle initiative.  

 

Le sport pour “extérioriser les émotions”

Si la généraliste a imaginé ce dispositif, c’est parce qu’elle est convaincue que, pour aider quelqu’un en souffrance psychologique, la pratique d’un sport de combat est un atout, associée aux médicaments, à la psychothérapie. Elle permet, quand les mots ne suffisent pas, "d’extérioriser les émotions qu’on a tendance à refouler pour vivre en société". Et elle en sait quelque chose : il y a un an et demi, à la fin de son traitement pour un cancer de la thyroïde, elle a suivi un ami à un cours de kick-boxing. "Au bout de deux séances, j’ai senti un bien-être tel, que je n’ai jamais arrêté."

C’est à l’occasion d’une séance que, "à l’été 2023", Virginie Loze croise Willy Deshayes. Le multiple champion de France de krav-maga est venu se "perfectionner sur le pied-poing", auprès de son coach. Elle engage la conversation sur son sport, ses particularités, et apprend qu’il donne des formations pour le compte d’entreprises, d’hôtels, de banques. Elle pense à ses patientes en souffrance : le jour-même, elle en a reçu plusieurs. De cette rencontre naît un "micro-projet" : une session de krav-maga avec des patientes de sa MSP. 10 séances, puis 5 autres, entre novembre 2023 et mars 2024.  

L’action ayant été éprouvée à l’échelle de la patientèle, Virginie Loze se tourne vers la CPTS Centre-Essonne – dont elle est vice-présidente -, pour la pérenniser et l’étendre. Car la CPTS est un levier, loue Christophe Alirol, avec son "carnet d’adresses", son "bureau dynamique", ses "coordinatrices de santé publique", sa "connaissance du territoire" (Évry-Courcouronnes, Grigny, Bondoufle, Lisse, Ris-Orangis ; 180 000 habitants), et son financement (l’ACI). Une deuxième session est organisée, à l’échelle de la population cette fois, dans le cadre du parcours femme-enfant.  

Tout est pensé pour favoriser l’adhésion : les séances se déroulent dans un lieu "central", bien identifié, proche de la gare : l’Agora. Elles sont organisées en non-mixité (à l’exception du prof), plusieurs patientes étant en souffrance "par des causes masculines", explique la médecin, faisant valoir que "l’idée d’être dans un groupe hyper féminin est plus ‘secure’ pour elles". Elles sont "gratuites", sur adressage. "C’est à double tranchant", admet la médecin, car cela peut "générer quelques absences et potentiellement un manque de motivation".

 

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