Si la généraliste a imaginé ce dispositif, c’est parce qu’elle est convaincue que, pour aider quelqu’un en souffrance psychologique, la pratique d’un sport de combat est un atout, associée aux médicaments, à la psychothérapie. Elle permet, quand les mots ne suffisent pas, "d’extérioriser les émotions qu’on a tendance à refouler pour vivre en société". Et elle en sait quelque chose : il y a un an et demi, à la fin de son traitement pour un cancer de la thyroïde, elle a suivi un ami à un cours de kick-boxing. "Au bout de deux séances, j’ai senti un bien-être tel, que je n’ai jamais arrêté."
C’est à l’occasion d’une séance que, "à l’été 2023", Virginie Loze croise Willy Deshayes. Le multiple champion de France de krav-maga est venu se "perfectionner sur le pied-poing", auprès de son coach. Elle engage la conversation sur son sport, ses particularités, et apprend qu’il donne des formations pour le compte d’entreprises, d’hôtels, de banques. Elle pense à ses patientes en souffrance : le jour-même, elle en a reçu plusieurs. De cette rencontre naît un "micro-projet" : une session de krav-maga avec des patientes de sa MSP. 10 séances, puis 5 autres, entre novembre 2023 et mars 2024.
L’action ayant été éprouvée à l’échelle de la patientèle, Virginie Loze se tourne vers la CPTS Centre-Essonne – dont elle est vice-présidente -, pour la pérenniser et l’étendre. Car la CPTS est un levier, loue Christophe Alirol, avec son "carnet d’adresses", son "bureau dynamique", ses "coordinatrices de santé publique", sa "connaissance du territoire" (Évry-Courcouronnes, Grigny, Bondoufle, Lisse, Ris-Orangis ; 180 000 habitants), et son financement (l’ACI). Une deuxième session est organisée, à l’échelle de la population cette fois, dans le cadre du parcours femme-enfant.
Tout est pensé pour favoriser l’adhésion : les séances se déroulent dans un lieu "central", bien identifié, proche de la gare : l’Agora. Elles sont organisées en non-mixité (à l’exception du prof), plusieurs patientes étant en souffrance "par des causes masculines", explique la médecin, faisant valoir que "l’idée d’être dans un groupe hyper féminin est plus ‘secure’ pour elles". Elles sont "gratuites", sur adressage. "C’est à double tranchant", admet la médecin, car cela peut "générer quelques absences et potentiellement un manque de motivation".