Article publié dans Concours pluripro, avril 2024

Au départ, en 2018, "l’idée était de monter une structure pluriprofessionnelle avec le maximum de richesse et d’offre de soins pour les 0-18 ans afin de répondre aux besoins de la population", confie Cécile Yossa Monkam, pédiatre, à l’origine du projet du pôle pédiatrique libéral pluridisciplinaire Les P’tits Soins, à Clermont-Ferrand (Auvergne-Rhône-Alpes). Une fois qu’elle a trouvé le local aux normes dans une zone accessible en voiture et en transports en commun [la fondatrice du projet en est propriétaire, NDLR], la MSP a ouvert en mars 2020, quelques jours avant le premier confinement…

En septembre de la même année, elle a pu accueillir, dans le cadre d’un parcours coordonné, ses premiers jeunes patients. Désormais, elle compte 17 professionnels répartis sur deux sites : pédiatres, psychomotriciennes, kinésithérapeutes, ergonome, diététicienne-nutritionniste, orthophonistes, psychologue de ville et pharmacienne.
"Nous avons rédigé un projet de santé avec une prise en charge pluriprofessionnelle, d’abord pour les soins de premier recours grâce à une permanence et des plages horaires disponibles en journée pour accueillir les enfants malades, précise la responsable de la MSP. Puis pour les soins de second recours, avec une prise en charge de l’enfant pour excès de poids et obésité, et pour troubles du neurodéveloppement (TND)."
 

Repérer et sensibiliser

Les jeunes patients peuvent être repérés, au départ, par le pédiatre ou adressés par un médecin généraliste, un médecin de PMI ou un médecin scolaire, pour intégrer l’un des dispositifs présents notamment dans le Puy-de-Dôme. Marie Mialet, diététicienne-nutritionniste et un temps cocoordinatrice avec la responsable, connaissait bien le Réseau de prévention et de prise en charge de l’obésité pédiatrique (RéPPOP) pour les enfants de 2 à 18 ans. Elle a donc suivi, avec la pédiatre et la psychologue, la formation du Centre spécialisé de l’obésité -Centre auvergnat de l’obésité et de ses risques en santé (CSO-Caloris) afin que le pôle devienne centre de référence en la matière. "Lors de la consultation, dont la durée (1 heure 30) est essentielle pour avoir l’adhésion de l’enfant, j’établis un bilan diététique. Il faut dédramatiser les choses et rassurer les parents. Je ne parle pas de perte de poids, c’est la croissance qui va permettre au corps de s’allonger. Je réalise un bilan général sur le rythme de l’enfant et son sommeil. Le but est de mettre en place des objectifs choisis par l’enfant, réalisables par toute la famille en s’adaptant à ce que les parents préparent comme repas afin de pouvoir avancer."

Il existe aussi Proxob, ce dispositif de prise en charge familiale à domicile de l’obésité, qui vise à accompagner les familles ayant au moins un enfant en situation de surpoids ou d’obésité avec des ateliers ludiques à domicile réalisés par une diététicienne, un professeur d’activité physique adaptée et un professionnel de la parentalité. Ou encore « Mission : retrouve ton cap »*, dispositif de prévention de l’obésité infantile qui permet aux 3-12 ans en surpoids ou à risque de le devenir, de bénéficier d’une prise en charge précoce et multiple remboursée à 100 % par l’Assurance maladie.

"Les patients qui consultent n’ont pas toujours une demande franche. Parfois, le harcèlement scolaire est la porte d’entrée, explique Cécile Yossa Monkam. Notre rôle est de faire du repérage et de la sensibilisation. Dans le cadre de “Mission : retrouve ton cap”, nous entrons vraiment dans l’intimité des familles afin que l’enfant se rende compte de ce qu’il peut améliorer. Nous fixons des micro-objectifs réalisables. C’est une démarche des petits pas, sans injonctions." Au sein de la maison de santé, la prise en charge est facilitée grâce à la présence des différents professionnels. "Le travail en équipe permet d’avoir un enfant acteur de sa santé et de créer une alliance thérapeutique avec lui, confirme la pédiatre. Ceux qui sont réfractaires, nous les suivons de manière plus proche, pendant trois à six mois, car il est nécessaire qu’ils soient prêts pour être eux-mêmes acteurs." Le dispositif « Mission : retrouve ton cap » rencontre d’ailleurs une bonne adhésion : 25 enfants y sont entrés en six mois.

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