Article publié dans Concours pluripro, décembre 2023

 

"La cellule d’écoute est née de la prise de conscience qui a suivi l’affaire Weinstein. Nous nous sommes aperçus qu’il fallait agir de manière concrète pour enrayer ces violences sexistes et sexuelles", explique Caroline Rogard, directrice de la communication d’Audiens. Cette cellule gratuite, et surtout anonyme, est ouverte "aux victimes, aux témoins ainsi qu’aux référents harcèlement sexuel et agissements sexistes dans le secteur de la culture", indique Carla Ballivian, responsable de la cellule*. Depuis 2021, les salariés du jeu vidéo peuvent également bénéficier de la cellule, tout comme les artistes auteurs et ceux des arts visuels depuis 2022. "Les secteurs de la presse et de l’édition n’ont toujours pas adhéré à cette cellule, mais cela ne saurait tarder."


"Les membres de l’équipe de l’accompagnement solidaire et social font le premier contact avec les appelants, car nous avons l’expertise de la gestion des situations de fragilité, et tous les collaborateurs ont été formés à la lutte contre les violences sexuelles et sexistes, révèle Carla Ballivian. Nous réalisons un premier entretien, puis nous les orientons en fonction de leurs besoins (psychologiques, juridiques ou les deux). Nous travaillons avec des psychologues cliniciennes, qui sont avec nous depuis très longtemps. Elles connaissent également les tenants et les aboutissants de l’organisation de nos secteurs." Les appelants peuvent bénéficier de trois appels auprès des psychologues. "S’il y a besoin d’un accompagnement plus long, les psychologues peuvent ensuite les diriger vers des dispositifs de prise en charge “classiques”."

 

La cellule en quelques chiffres

"La cellule a enregistré plus de 700 appels. Elle a démarré lentement, car elle a été lancée pendant la crise du Covid-19, et les situations à risque se déroulent pendant les tournages et les tournées", confie Caroline Rogard.
Selon un rapport publié en décembre 2022 par le Centre national des arts du cirque, de la rue et du théâtre (Artcena), 74 % des appelants étaient des femmes, 57 % des victimes, 14 % des témoins ; 56 % l’ont fait pour signaler des actes d’agression physique et 44 % pour des attitudes et des propos sexistes ou sexuels. "60 % des appels concernent des faits de plus d’un an. Cela montre que les victimes ont du mal à parler. Pourtant, il ne faut surtout pas hésiter à témoigner, même longtemps après les faits", précise Caroline Rogard.
Face à ces nombreux signalements et à la gravité de certaines agressions, elle révèle qu’Audiens a "réfléchi à instaurer une consultation psychologique et psychiatrique au pôle santé Bergère, pour les victimes ou les témoins qui souhaitent un vrai accompagnement, comme une psychothérapie."

 

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