Article publié dans Concours pluripro, juin 2023
 

Le concept de santé globale, le One Health des Anglophones, est apparu dans les pays occidentaux au début des années 2000. Il consiste à rapprocher les trois entités aujourd'hui distinctes, sinon indépendantes les unes des autres, que constituent la santé humaine, la santé animale et l'environnement ; en attachant une attention particulière aux effets sur la santé humaine qui peuvent résulter d'altérations de la condition animale ou bien de dégradations environnementales. À l'évidence, la récente pandémie mondiale liée à un sous-type de coronavirus (SARS‐CoV‐2) et le changement climatique en cours ont constitué deux puissants facteurs d'une prise de conscience à l'échelle de la planète et de l'ardente nécessité d'enclencher de lourdes évolutions structurelles afin de faire face au défi que représente une approche globale de la santé.

Pour cette prise de conscience, les vétérinaires ou les experts de l'environnement se sont jusqu'à maintenant – davantage que les médecins – mobilisés. Et au terme des dix dernières années et des nombreux travaux préparatoires menés à bien, c'est la coordination entre les divers intervenants (collaborative approaches) qui apparaît comme le terme clé pour assumer avec succès l'approche vers "la santé globale" (curieusement, c'est également ce qui semble être déterminant pour réussir la promotion des soins primaires, à laquelle la plupart des pays développés ou en voie de développement se sont engagés).

Ainsi, un groupe international d'universitaires (Melbourne, Sydney, Liverpool et Addis-Abeba) pluridisciplinaires (médecine humaine, médecine vétérinaire et écologie) a publié dans The Medical Journal of Australia, les principales évolutions à réussir en Australie pour adapter le système de soin à une vision One Health.

 

Intégration et coordination

Ce sont ainsi six évolutions qui sont privilégiées. Avant tout, instituer une gouvernance commune aux trois secteurs concernés (tout en respectant les structures spécifiques à chaque secteur… ce qui n'est pas simple). Également mettre en oeuvre la circulation et le partage d'informations entre les trois secteurs, en particulier pour ce qui concerne les zoonoses. Puis s'assurer que les praticiens sont correctement formés et suffisamment disponibles pour gérer de manière adéquate ces problèmes émergents. Au-delà, promouvoir une "intégration" opérationnelle de l'ensemble des personnels amenés à travailler ensemble à la bonne prise en charge de ces problèmes émergents. Cinquièmement, réussir la coordination entre les différents systèmes de régulation des divers produits chimiques, biologiques et biens médicaux utilisés dans chacun des trois secteurs. Enfin, sur la question centrale des zoonoses, de leur surveillance et de leur contrôle, se pose la question budgétaire, avec le sujet de la répartition des charges entre les trois secteurs ; avec, en particulier pour l'Australie, pays fédéral, le projet de financement d'un center for disease control (à l'image des CDC américains).

Pour mettre en oeuvre l'approche One Health, cette question centrale de la gouvernance vient tout autant d'être soulignée par une chercheuse danoise, publiée dans une revue en open access en décembre 2022. Afin d'étayer sa démonstration, l'auteure a comparé les politiques mises en oeuvre en Suède et en Italie, deux pays engagés dans la perspective d'une approche globale de la santé. Ainsi, en Suède, l'agence chargée de la sécurité alimentaire a été intégrée à une organisation plus large ayant des compétences dans le secteur vétérinaire et en santé publique (humaine). Une telle intégration conditionne une communication accrue entre les différents intervenants et finalement est garante d'une meilleure coopération/coordination entre les différents secteurs impliqués. Les "effets d'échelle" peuvent aussi être importants ; ainsi, l'Italie, avec ses 60 millions d'habitants, requiert un échelon de pouvoir régional, ce qui peut conduire à une dilution de la politique suivie, ce dont la Suède, avec ses 10 millions d'habitants, apparaît préservée.

RETOUR HAUT DE PAGE