Ils sont amis d’enfance. Jean-Baptiste Bourlard, kinésithérapeute libéral à Marseille, et Marine Crest-Guilluy, médecin généraliste, proposent aux soignants, avec leur association "Guérir en mer", de découvrir la voile comme moyen de prévention et de traitement face au burn-out. Les deux co-fondateurs (l’un trésorier, l’autre présidente) l’ont testé et en sont convaincus ! 

"Tout est parti d’une histoire de famille, raconte Jean-Baptiste Bourlard. Mon grand-père a débuté la voile dans les années 1950/1960. Il y a initié mon père, qui m’y a initié à son tour." Depuis son enfance, la voile fait donc partie de sa vie. "Lorsque j’ai commencé mon activité libérale, j’avais des journées assez chargées et penser à la voile me permettait de m’évader, de me faire tenir, confie celui qui a acheté son bateau en 2014. Lorsque j’ai constaté que Marine était fatiguée par son travail, je lui ai proposé de l’initier à la régate. En mer, on se retrouve dans un environnement naturel et hostile à la fois, on ne peut pas tricher. Il faut faire preuve d’un esprit de cohésion, être dans l’instant, en pleine conscience."
 


 

Si elle a "toujours fait du bateau en loisir", Marine Crest-Guilluy confie que lorsque son ami d’enfance lui a fait découvrir la régate, elle a "rapidement apprécié les bienfaits, rapides, que procure la voile. Quelques heures passées sur l’eau offrent une réelle déconnexion". Dans des métiers où le temps est compté, les activités extraprofessionnelles se doivent être rentables sur le peu de temps investi. Après avoir tenu la barre pour la régate Les Dames à la barre, Marine Crest-Guilly est convaincue de la nécessité de faire découvrir la voile aux soignants, comme outils de prévention et thérapeutique. Rapidement, le binôme créé l’association et obtient un soutien financier de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur et du Club nautique de Marseille.

"Besoin urgent de prendre l’air"

L’action de l’association est organisée autour de l’événement annuel "Guérir en mer". "Nous avons voulu organiser une régate pour casser les hiérarchies entre les professions de santé, et créer du lien ville-hôpital", rapporte la médecin. En raison de la crise sanitaire, le premier événement a été reporté deux fois avant sa première édition en 2021. D’emblée, il a rassemblé plus de 300 personnes. Cette régate, ouverte à tous les soignants et leurs familles, est organisée sur trois jours. Le premier jour, à terre, permet d’expliquer lors d’un colloque, les liens entre la voile et la santé. Les deux autres jours sont consacrés à une régate, ouverte aux novices également. "Les bateaux sont mis à disposition bénévolement par des propriétaires et des skippers", précise celle qui a été chargée, avec Alexis Bataille et Philippe Denormandie, de la mission "Santé des professionnels de santé", par le ministère de la Santé.

En parallèle, des parcours proposent "aux soignants ayant un besoin urgent de prendre l’air", des sorties en mer sur la journée, des soirées à thèmes et des conférences tout au long de l’année. "Notre objectif est de proposer des sorties mensuelles pour une trentaine de soignants en épuisement professionnel", rapporte Jean-Baptiste Bourlard. Ils sont orientés par le réseau de Guérir en mer, l’association Soins aux professionnels de santé (SPS), la plateforme Med’Aide, la Région ou encore leur Ordre professionnel. Face à la demande, l’association demande aux soignants souhaitant bénéficier du parcours GEM, de remplir un questionnaire en ligne afin de déterminer leur score de Maslach sur le burn-out, permettant de prioriser les plus scorés. "Le but de la journée en mer est de les déconnecter, précise la médecin, indiquant que les infirmières sont les bénéficiaires majoritaires. Ceux ayant déjà effectué de la voile peuvent naviguer. Quant aux novices, ils découvrent cet univers." Cette rencontre leur donne également une dynamique d’autant plus qu’ils peuvent revenir plusieurs fois dans l’année. 300 soignants en ont bénéficié depuis mars 2022.

L’association s’ouvre aujourd’hui à d’autres territoires avec une antenne aux Sables d’Olonne, et prochainement à Cherbourg-en-Cotentin, La Trinité sur Mer et peut-être Ajaccio. Une fédération nationale rassemble toutes les associations locales, qui se doivent de respecter une charte avec l’organisation de l’événement annuel et des parcours GEM.  

 

 

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