Maintien en emploi après un cancer

Chaque année en France, le cancer touche environ 380 000 personnes, dont environ 45 000 sont atteintes d’hémopathies malignes. Ces pathologies nécessitent le plus souvent des traitements lourds et des arrêts de travail prolongés. Cependant, même si l’incidence globale des cancers augmente, la survie moyenne des patients s’améliore grâce aux progrès scientifiques,tant en matière de dépistage que d’innovations thérapeutiques. Certains types d’hémopathies touchent de façon plus importante les sujets de moins 60 ans, comme les lymphomes hodgkiniens, les leucémies-lymphomes à précurseurs lymphoblastiques ou encore la leucémie aiguë myéloïde promyélocytaire(1).

Cela induit un nombre croissant de sujets ayant présenté une hémopathie maligne, confrontés au retour à la vie familiale, sociale et professionnelle. Dans ce contexte se pose donc la question de la qualité de vie avec ou après une pathologie maligne, et notamment celle du maintien en emploi. Données épidémiologiques

La réintégration sociale des patients atteints de cancer ou ayant présenté un cancer passe par le retour à l’emploi. Plusieurs études ont montré que l’absence d’activité professionnelle chez ces patients pouvait notamment entraîner une dégradation de leur qualité de vie et de leur état de santé, avec le risque d’aboutir à une désinsertion sociale. Or, s’il est bien démontré que le travail est un déterminant important de la qualité de vie des patients, force est de constater que le retour à l’emploi des sujets atteints d’un cancer s’avère très souvent difficile, pour des raisons à la fois médicales et sociales.

En effet, même si des dispositifs assez efficients existent en droit français afin d’assurer aux patients une prise en charge financière pendant la durée de leur maladie, de les aider à reprendre leur travail de façon progressive, ou encore d’obtenir des aménagements de leur poste de travail adaptés à leur état de santé, plusieurs études ont montré que, parmi ces patients, seulement un peu plus de 2 sur 3 étaient encore en emploi deux ans après le diagnostic(2, 3).

Concernant les patients atteints d’une hémopathie maligne, une étude réalisée parmi 1 741 sujets ayant présenté ce type de pathologie(4) a montré que seulement 1 140 sujets (soit 65 %) avaient repris leur travail à la fin des traitements. Une autre, réalisée parmi 130 sujets ayant présenté une hémopathie maligne traitée par greffe de cellules hématopoïétiques, a montré que cinq ans plus tard, seulement 60 % des patients actifs au moment du diagnostic avaient repris leur travail à temps plein, et 32 % à temps partiel(5).

Freins et leviers au retour en emploi Plus l’arrêt de travail est long, plus la reprise du travail s’avère difficile chez les personnes atteintes d’un cancer, soulignant l’importance d’une prise en charge précoce(6). Concernant les facteurs sociodémographiques, il a été démontré que le taux de reprise du travail était inversement proportionnel à l’âge des sujets (reprise favorisée chez les sujets jeunes) et qu’il était plus important parmi les salariés du secteur public, les sujets d’un niveau d’éducation élevé et des catégories socioprofessionnelles élevées. D’autres facteurs, tels que la forme physique antérieure, la comorbidité mentale, la fatigue, la douleur ou encore une grande valeur accordée au travail, ont été également décrits comme ayant un impact sur la reprise du travail après un cancer(7).

Comme mentionné dans les recommandations pour la pratique clinique sur la prévention de la désinsertion professionnelle des travailleurs publiées en février 2019(8), les facteurs médicaux influençant de façon positive le maintien en emploi sont : les localisations cancéreuses touchant des patients jeunes, les cancers de bon pronostic, l’absence de chirurgie ou l’existence d’une chirurgie moins invasive, une prise en charge ne comportant pas de chimiothérapie, la moindre présence de symptômes physiques ou psychologiques.

Concernant le poste de travail et l’employeur, les facteurs favorables de maintien en emploi sont les contrats de traval non précaires, un travail antérieur à temps plein, la mise en place d’une rencontre employeur-patient pour discuter du retour au travail, le soutien du manager, la perception par le patient de la mise en place par l’employeur de facteurs facilitant le retour au travail, l’aménagement du poste de travail, l’autonomie dans le travail, un travail non physique, sans tension, et l’ancienneté dans le poste de travail.
Le rôle du service de santé au travail dans le retour à l’emploi des personnes atteintes d’un cancer est également très important. Ainsi, parmi les personnes ayant présenté une pathologie cancéreuse, un taux de reprise significativement plus élevé a été observé chez celles qui avaient bénéficié d’un aménagement de leurs conditions de travail après avis du médecin du travail.

Concernant les patients atteints d’hémopathies malignes, il s’avère que les différents facteurs ayant un impact sur le retour au travail, notamment la durée de l’arrêt de travail et ses déterminants socioprofessionnels, ainsi que les modalités concrètes de reprise éventuelle de l’activité professionnelle et l’accompagnement des patients en la matière, sont peu documentés.

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