Le confinement les avait interdites, mais pour quelques semaines seulement. Les balades en forêt ont fait leur retour depuis le mois de mai et, avec elles, les risques liés aux maladies vectorielles à tiques. Comme l’ensemble de la population, les travailleurs de la nature sont donc à nouveau exposés, en particulier en ce début d’automne, en pleine période privilégiée de prolifération de la tique, celle-ci s’étendant de mars à octobre (même si leur présence est désormais repérée toute l’année).

Certaines régions forestières sont bien connues pour la présence de tiques infectées par Borrelia burgdorferi sensu lato. Les données recueillies par le réseau Sentinelles(1) avaient ainsi mis en avant le Grand Est, et notamment l’Alsace, comme zone à risque, ainsi qu’une partie de la région Auvergne-Rhône-Alpes, ou encore le Limousin (voir carte ci-dessous). Dans ces zones, le risque professionnel est connu, et la médecine du travail peut jouer son rôle de prévention et d’information sur la maladie auprès des travailleurs exposés.

 

 

EN VILLE COMME À LA CAMPAGNE

Tous les professionnels exerçant dans la nature sont sensibilisés aux risques liés aux piqûres de tiques. La prévention doit être toute particulière pour les gardes forestiers, les bûcherons, les élagueurs, les gardes-chasse ou les gardes-pêche, dans les zones à risque comme ailleurs. Une étude menée par la Mutualité sociale agricole (MSA) suggère une séroprévalence de plus de 15 % chez les bûcherons, sylviculteurs et scieurs des régions de l’est de la France. Cette incidence élevée ne doit pas faire oublier le risque dans d’autres professions, par exemple chez les éleveurs, et d’une manière générale chez les travailleurs en contact avec des animaux évoluant dans la nature, mais aussi chez les professionnels du secteur des loisirs en extérieur.

Pour aller plus loin, l’analyse de la présence en Alsace du vecteur de la maladie de Lyme, la tique Ixodes ricinus(2) a montré que les zones périurbaines sont, elles aussi, à risque. Il apparaît donc important de mener une politique de prévention systématique auprès d’autres professionnels comme les jardiniers et les paysagistes, même s’ils exercent exclusivement en ville : la contamination d’un jardin privatif est tout à fait possible.

Cette politique peut également être étendue sur une grande partie du territoire métropolitain, dans les régions considérées à risque comme dans les autres. Aux abords de grandes villes, la raréfaction des prédateurs (renards, fouines) favorise en effet la prolifération de tiques, et de tiques infectées par Borrelia burgdorferi (3). Les réservoirs sauvages (campagnols, écureuils, etc.) profitent de ce relâchement de la pression de prédation pour proliférer et sortir, s’exposant ainsi aux tiques et favorisant la circulation de la bactérie.

Les bois et forêts proches de grands centres urbains abritent donc parfois une densité importante de tiques infectées, même en décorrélation avec l’activité régionale. Autour de Paris, l’Office national des forêts alerte sur l’exposition à la maladie de Lyme dans toutes les forêts, notamment celle de Sénart (qui s’étend en Essonne et en Seine-et-Marne). L’activité de prévention peut donc être renforcée auprès de tous les travailleurs en contact avec la nature dans ces zones.

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