Article publié dans Concours pluripro, mars 2023

Elle en parle comme d'une "aventure". Heureuse, visiblement, au vu de son enthousiasme ! Brigitte Dalibon est arrivée dans le projet "à titre personnel" en 2009, se souvient-elle, "quand on commençait à parler de la désertification des médecins et le lien ville-hôpital". À l'époque, l'hôpital, les élus et les professionnels de santé libéraux organisent des réunions publiques avec les habitants du quartier – "une idée novatrice en soi", lance-t-elle –, pour y réfléchir. Très vite commence à émerger l'idée d'un pôle santé à Renazé (Mayenne), et dès lors, raconte la grand-mère de deux petits-enfants, "ils nous ont proposé de travailler sur les plans et ont aménagé l'espace en tenant compte de notre avis". Après un premier comité citoyen, Brigitte Dalibon crée en décembre 2015 avec deux autres coprésidents, l'association Relais santé bien-être. La dynamique est lancée !

Habitant Saint-Martin-du-Limet, à 4 km de Renazé et à 5 km de Craon, Brigitte Dalibon collabore auprès de trois maisons de santé : les MSP de Renazé, de Craon et de Cossé-le- Vivien. Mais, insiste-t-elle, "Relais santé bien-être n'a pas vocation à représenter une pathologie ou une maison de santé. Nous sommes des habitants qui permettent aux habitants de se rendre acteurs de leur propre santé. On travaille en lien étroit avec les professionnels de santé et on répond aux besoins des habitants." À l'instar de cette conférence sur l'activité physique adaptée organisée par l'association et qui a vu la participation de "252 habitants".

 

Papier ou écran ?

L'an dernier, les professionnels ont sollicité l'association pour déterminer le support d'affichage des campagnes de prévention et/ou d'information dans les salles d'attente. "La MSP de Cossé-le-Vivien les diffusait sur écran alors les deux autres utilisaient de l'affichage papier, explique Brigitte Dalibon. Et l'idée était d'interroger l'habitant sur ses habitudes et ses souhaits. Avec l'aide de la coordinatrice, on a préparé un questionnaire papier qu'on a fait valider aux professionnels ; ensuite, on est entré dans les salles d'attente, à des horaires différents pour rencontrer le maximum de profils." Que regarde le patient dans la salle d'attente ? consulte-t-il les affichages ? que veut-il comme renseignement ? préfère-t-il un affichage papier ou dématérialisé ? quels seraient les avantages et les inconvénients de chaque format ? Plus de 100 réponses – "et surtout 100 % de réponses" – plus tard, l'association présente le bilan aux professionnels de santé lors de leur assemblée générale. "Plusieurs professionnels étaient réfractaires à la mise en place d'écrans dans la salle d'attente. Mais notre consultation a montré que l'absence d'écran n'empêchait pas les patients d'avoir les yeux rivés sur leur téléphone. Et, finalement, autant avoir un écran qui transmette des informations utiles sur lesquelles on ne communique pas forcément : un professionnel absent, un remplaçant sur une période donnée… tout ce qui fait la vie de la structure", détaille-t-elle, ajoutant que les MSP de Renazé et de Craon ont finalement décidé d'installer un écran dans leur salle d'attente.

Ce travail étroit avec les professionnels fonctionne "parce que tout le monde reste à sa place et que nous partageons tous le même objectif : répondre aux besoins du patient. On est là pour rendre les habitants acteurs de leur parcours de santé. On a par exemple été contacté par un aidant dont le conjoint avait la maladie d'Alzheimer : on lui a présenté ce qui existe sur le territoire et qui peut l'aider. On a aussi organisé une conférence sur le sommeil parce que c'était une demande des habitants", ajoute Brigitte Dalibon.

Cette implication des usagers est "innovante", avance-t-elle, mais "à condition qu'il y ait une vraie écoute de part et d'autre. Certes, on ne se situe pas dans la prise de décision, mais on a notre voix. Et on la fait entendre".

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