Elle dit non ! Dans un communiqué publié hier sur les réseaux sociaux, AVECsanté s'est exprimée contre la mise en place d'une régulation à l’installation des médecins. Une mesure formulée tant dans la proposition de loi du groupe de travail transpartisan porté par Guillaume Garot, député socialiste de la Mayenne, qui devrait être déposé dans les prochains jours à l'Assemblée nationale, que dans un rapport sur les déserts médicaux en France publié mercredi par le sénateur Bruno Rojouan. Pour la fédération nationale des maisons de santé, la coercition à l'installation des médecins "va à l’encontre de l’organisation des soins primaires et du modèle d’équipe de professionnels de santé libéraux en maison de santé" et "ne ferait qu’accentuer les problématiques d’accès aux soins". À ses yeux, "plus que la coercition à l’installation des médecins, soutenons l’existant et développons l’exercice en équipe libérale à travers la constitution de plus de MSP notamment pour accueillir les jeunes professionnels dans des conditions qui répondent à leur projet professionnel et aux besoins de la population". 

De plus, obliger un médecin à s'installer en zone sous-dotée pousserait "très rapidement" de nombreux médecins généralistes, notamment les jeunes, "vers un mode d’exercice salarié tel que proposé à proximité des grandes villes par les centres de santé ou autres services administratifs", assure-t-elle, ajoutant que "le salariat des médecins engendre des horaires de travail relativement fixes et le système de permanence des soins de ville repose sur les libéraux qui ne comptent pas leurs heures de travail. Mais jusqu’à quand ? Outre une désorganisation et une baisse de l’activité des soins, c’est bel et bien l’accès aux soins des Français qui continuerait de se dégrader." 

Pour autant, assure la fédération, elle ne veut pas dénoncer le salariat des médecins, mais "si coercition à l’installation il y [a], AVECsanté appelle à la vigilance quant à un choix massif des médicaux vers le salariat" et "au maintien de la production de soins et de la permanence des soins" 

"De quoi démotiver les troupes !"

La fédération nationale et ses 14 entités régionales s'opposent également à la mise en place d'un service sanitaire obligatoire pour les jeunes médecins, une idée que la ministre de la Santé juge pourtant "intéressant[e]" : "Alors que le service militaire obligatoire de 12 mois a été abandonné depuis de nombreuses années, que la 4e année d’internat de médecine générale sera effective en 2026, pourquoi mettre en plus un service sanitaire obligatoire de 2 ans à des jeunes médecins souvent chargés de famille dans des zones peu attractives dont même les services de l’État n’existent plus ? De quoi démotiver les troupes !", lance AVECsanté dans son communiqué.  

2.640 maisons de santé implantées au 30 juin 2024, dont 78,4% signataires de l'ACI. Environ 40.000 professionnels de santé y exerçaient en 2023, dont 27% de médecins généralistes, 31% d’infirmières, plus de 13% de kinés… En 2019, la file active des médecins en MSP était de 8% supérieure à celle des autres généralistes libéraux, rappelle AVECsanté, Et "40 % des médecins généralistes libéraux en MSP ont moins de 40 ans versus 11% pour les autres médecins généralistes libéraux". Les équipes en maisons de santé ont démontré leur efficacité dans l’amélioration de l’accès aux soins "notamment par leurs capacités organisationnelles, à faciliter les collaborations et partage de tâches entre professionnels de santé, à innover" Alors, "pourquoi ne pas assumer une mesure beaucoup plus structurante et efficace ? Donner l’accès à une MSP et à une équipe pluriprofessionnelle de soins primaires pour tous et partout !" 
 

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