"Les maisons de santé pluriprofessionnelles sont-elles le moteur de la transformation des soins primaires ?" La question a été posée au café Nile, le 22 novembre dernier, à Emmanuelle Barlerin, infirmière libérale, et Pascal Gendry, médecin généraliste, deux des trois co-présidents d'AVECsanté. Et si le "oui" semblait être la réponse évidente pour ces deux défenseurs des maisons de santé, c’était aussi l’occasion de revenir sur l’objectif des 4.000 maisons de santé, lancé par François Braun, alors ministre de la Santé, lors des Rencontres d’AVECsanté.

D’après les derniers chiffres publiés par AVECsanté, 2.395 maisons de santé sont en fonctionnement, soit 144 de plus qu’en mai. Reste donc 1.605 MSP à créer d'ici 2027 pour atteindre cet objectif partagé "au moins par le gouvernement, AVECsanté et la Cnam" indique Pascal Gendry : "On pourrait dire que 1.600 maisons de santé à créer en trois ans, c’est un sacré défi, et oui, ça en est un, confirme le médecin généraliste, Mais autant il y a sept ou huit ans, il fallait deux ou trois ans pour faire émerger un projet de santé et signer un accord conventionnel avec la Cnam, aujourd’hui, entre les premiers souhaits de quelques professionnels un peu pilotes et la signature de l’accord conventionnel, il faut un ou deux ans grand max." Une accélération qui s’explique par une "professionnalisation" de l’accompagnement, estime-t-il. "On voit que les régions où cela marche le mieux sont celles où il y a une association organisationnelle forte entre les fédérations régionales des maisons de santé, l’ARS et les CPAM dans leur dimension de proximité. Quand les trois sont réunis, on arrive vraiment à accompagner les équipes pour que le projet de santé émerge plus rapidement."
 


 

Rapidement, mais qualitativement. Il faut que cet objectif "ne soit pas seulement un chiffre, a rappelé Pascal Gendry, mais bien des maisons de santé qui répondent à des critères qualitatifs, au bénéfice des usagers. Naturellement, on va essayer d’atteindre cet objectif quantitatif. Mais on va surtout essayer de faire en sorte que ces maisons de santé répondent, comme les autres, aux critères de fonctionnement. L’idée, c’est que ces 1.600 maisons de santé qu’il nous reste à construire dans les trois ans, répondent au minimum aux critères de l’ACI... Si elles répondent à d’autres critères, c’est encore mieux."

"Pour être cohérent avec le plan des 4.000 maisons de santé, il va falloir passer ce cap-là, de peut-être ne plus parler que du seul médecin traitant, mais que la référence soit au niveau de l’équipe, car les pharmaciens, les infirmières, et tous les professionnels paramédicaux peuvent être des points d’entrée dans l’équipe et amener le patient à construire son parcours de santé."

C’est une vision des soins primaires qu’encourage la fédération AVECsanté, même si entre "équipe traitante" ou "équipe de soins primaires", elle "ne sait pas encore quel nom lui donner, avoue Emmanuelle Barlerin :"En tout cas, c’est quelque chose vers quoi on aimerait tendre." Une vision du soin qui pourrait être mise en place "d’ici les prochains mois, voire les prochaines semaines" estime l'infirmière, parce que cette vision "n’est pas forcément opposable au fonctionnement actuel dans lequel tous les professionnels de santé ne travaillent pas en équipe coordonnée".

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