Au même titre que le Conseil national de la refondation de la santé mentale qui devait avoir lieu aujourd'hui, la tant attendue réforme de la profession d'infirmière est elle aussi, une victime collatérale de la dissolution de l'Assemblée nationale. Initialement promise pour le printemps 2023, la réforme est aujourd'hui à l'arrêt.  

L'Ordre des infirmiers s'alarme sur le risque "d’embolie du travail réglementaire et législatif sur des textes essentiels pour favoriser l’accès aux soins. Ces textes, attendus par les infirmiers depuis parfois plusieurs années, ne doivent pas devenir des dommages collatéraux de la situation politique". Comme le rappelle l'AFP, "640.000 infirmiers - dont plus de 120.000 libéraux – attendent depuis plus d'un an la refondation du métier et des études, dont la réécriture du décret, vieux de 20 ans, qui encadre juridiquement leurs actes".  

 

Pendant plusieurs mois, des travaux et concertations ont été conduits par la direction générale de l'Offre de soins (DGOS). "Ils avaient abouti" sur divers textes qui "définissaient les missions, activités et compétences nouvelles des infirmières", a expliqué à l'AFP, Sylvaine Mazière-Tauran, la présidente de l'Ordre national des infirmiers. De plus, Charlotte Parmentier-Lecocq, députée Renaissance, devait "déposer la semaine prochaine une proposition de loi à l'Assemblée, validée par quasiment la totalité des représentants de la profession", selon Sylvaine Mazière-Tauran. Cette loi devait permettre de "passer d'une simple liste d'actes" à "un dispositif complet, précis", et devait "reconnaître l'autonomie" de l'infirmière, "sa capacité à faire un raisonnement clinique, à poser des diagnostics infirmiers, faire des consultations infirmières", des revendications de longue date, détaille la présidente de l'Ordre. Après des retards dus à plusieurs changements de ministres chargés de la Santé ces derniers mois, "on se trouvait dans une dynamique extrêmement positive", mais la dissolution "bloque tout", regrette-t-elle. 

 
De son côté, la réforme des études, qui devait adapter la formation aux nouvelles compétences et entrer en vigueur à la rentrée 2025, risque également de prendre du retard, tout comme les négociations tarifaires entre infirmières libérales et Assurance maladie, que le ministre délégué à la Santé a renvoyé à l'automne, après la réforme, précise l'AFP. Dans un communiqué, l'Ordre appelle donc les futurs députés, "quels que soient les résultats" des législatives anticipées, à poursuivre ces travaux et "tenir compte des avancées d'ores et déjà réalisées". Il appelle par ailleurs l'actuel gouvernement à publier urgemment plusieurs décrets d'application des récentes lois dites "Rist" et "Valletoux", pas encore parus, qui doivent concrétiser "l'accès direct aux infirmières de pratique avancée (IPA)" et élargir leur droit à prescrire, créer officiellement le statut "d'infirmier référent" et offrir aux infirmières plus d'autonomie sur la prise en charge des plaies. 

 

[Avec l'AFP] 

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