L’expérimentation doit répondre à un enjeu crucial, celui de la désertification médicale en cours dans ce territoire rural du nord-est du Vaucluse aux allures de carte postale. La CPTS couvre 38 communes situées de part et d’autre du Mont Ventoux, entre champs de lavande, fontaines et petites rues ensoleillées. Rien qu’à Carpentras, “nous sommes passés de 32 médecins généralistes en 2003 à une quinzaine aujourd’hui”, déplore Sébastien Adnot, médecin généraliste et président de la CPTS. En vingt ans, “nous avons perdu plus de la moitié de la population médicale. Les médecins qui travaillaient seuls n’ont pas trouvé de successeur car les jeunes ne veulent plus bosser comme des fous...” La conséquence ? Les médecins ne peuvent plus se déplacer au domicile des patients généralement âgés et isolés car trop peu nombreux, en particulier la nuit et le week-end.  

Les régulateurs envoient donc le Samu en cas de problème. Ce qui crée des entrées inutiles aux urgences car plusieurs situations auraient pu être traitées par un médecin généraliste ou une infirmière, sans recourir à une hospitalisation. 

 

Les infirmières de la CPTS prennent en main la mallette. Crédit : Sylvain Labaune 


C’est dans ce contexte que l’expérimentation de la mallette de téléconsultation prend tout son sens. “L’idée est d’aller vers le patient plutôt que le patient aille vers les urgences”, résume Sébastien Adnot. Ainsi, pendant le week-end des 27 et 28 avril, deux infirmières de la CPTS seront d’astreintes et iront faire leurs tournées habituelles en étant équipées de la mallette de téléconsultation. Si un patient du territoire appelle le Samu Centre 15, le médecin régulateur aura la possibilité d’envoyer à son domicile une infirmière d’astreinte de la CPTS plutôt que le Samu, s’il juge que la situation le permet.  

L’infirmière adressée par le Samu pourra réaliser une première prise en charge paramédicale (plaies, escarres, etc.). Si cela ne suffit pas et qu’une évaluation médicale est nécessaire, elle enclenchera la téléconsultation avec l'un des deux médecins d’astreinte à la maison médicale de garde Carpentras. 
 

Échange vidéo et ordonnance papier

La mallette, équipée du système d’information Inzee Care, coûte environ 11.000 euros. Elle contient différents appareils d’examen, en plus d’un ordinateur et d’une caméra. Il est ainsi possible d’aller beaucoup plus loin qu’un simple échange vidéo, en recueillant d’autres signes cliniques directement au lit du malade. Il sera, par exemple, possible de faire une auscultation du cœur, un électrocardiogramme, mesurer la saturation en oxygène, prendre la température ou encore écouter les poumons. “C’est autant de données transmises qui aideront le médecin à prendre une décision à distance”, souligne Sébastien Adnot. 

La mallette est également équipée d’une petite imprimante qui permet au médecin de garde d’envoyer en temps réel une ordonnance papier. 

L’objectif de l'expérimentation est de dresser la liste des écueils techniques, notamment pour répertorier les zones blanches où il sera difficile d’accéder au réseau internet, précise Valérie Lapierre, infirmière libérale en dialyse et secrétaire générale de la CPTS. Un premier test de la mallette de téléconsultation avait été conduit durant les quatre week-ends du mois d'août 2023 mais l'opportunité n’a pas été saisie par les régulateurs du Samu à la suite d’un “problème de communication”, explique-t-elle.  
 

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