Article publié dans Concours pluripro, novembre 2024

"Si seulement on m’avait dit ce qui m’attendait, j’aurais pu anticiper." Des patientes surchargées et démoralisées après leur accouchement, Lise Moussu en a croisé beaucoup dans son cabinet. Et  "je voulais leur montrer qu’elles n’étaient pas isolées, et que pour les autres femmes en post-partum, c’est difficile aussi", explique la médecin généraliste installée dans le XXe arrondissement de Paris. Ainsi, en mars 2023, voyant passer un mail de la CPTS Paris 20 prévoyant un recrutement au niveau de son groupe périnatal, elle décide de se lancer. Accompagnée de sa consoeur Manon Sénégas, la médecin propose un projet, qui compte des sages-femmes, une psychologue et une médecin généraliste. "Avec Anne Kammerer, sage-femme à la MSP Ménilmontant, nous nous sommes immédiatement portées volontaires", complète Cécile Gatter, sage-femme et membre de la CPTS Paris 20.


source : Cécile Gatter et Lise Moussu

Accompagner, rassurer, soutenir

En pratique, deux groupes se constituent, chacun composé d’une médecin généraliste et d’une sage-femme. "Notre binôme, avec Lise Moussu, souhaitait proposer une séance par mois, pendant six mois, à des femmes issues du même quartier et qui auraient des fins de grossesse rapprochées", détaille Cécile Gatter. Ouvrir le dialogue, apporter du soutien et rompre l’isolement des femmes pendant la difficile période des six premiers mois… le projet a rencontré son public. "Les patientes étaient volontaires pour s’inscrire et certaines sont devenues amies", reprend Lise Moussu.
Si chaque soignante peut répondre aux questionnements des participantes, les groupes ne se revendiquent pas comme des lieux de consultation. "L’idée, c’est qu’elles se répondent entre elles au cours des séances en présentiel. Et nous, on accompagne la discussion." Car l’objectif est d’offrir un cadre de partage mais aussi une  "caution médicale", confie Cécile Gatter : "Le fait que ce soit organisé par des professionnels de santé, ça donne une excuse pour participer et leur permet de prendre du temps pour elles sans culpabilité."
Initialement pensées pour se caler sur le congé maternité, les réunions se sont finalement déroulées durant les six premiers mois après la naissance, "car, souvent, la reprise du travail peut être un facteur de stress", assure Lise Moussu. Un projet volontairement différent de "la séance post-natale" proposée par la Sécurité sociale, reprend Cécile Gatter, ce dispositif datant de 2022 qui permet aux sages-femmes de proposer une consultation, prise en charge si elle est réalisée dans les quatre mois qui suivent un accouchement. "Que la CPTS Paris 20 puisse proposer quelque chose d’un peu plus complet et moins réduit dans le temps, je trouve ça génial", lance-t-elle. Une proposition qui a su convaincre les patientes, car "le projet est fondé sur l’envie de participer, et ça fonctionne".
Initialement prévues au le cabinet de Lise Moussu, les séances ont désormais lieu dans un local du centre social du XXe arrondissement de la capitale. "Les participantes viennent souvent avec leurs bébés, alors c’est important d’avoir de la place." Des tapis d’éveil ont d’ailleurs été installés pour stimuler les nourrissons lors des séances. "Ce sont des vrais moments de partage", sourit Cécile Gatter.

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