Au-delà de sa dimension géographique, le « territoire » s’ancre de plus dans la conscience collective en se rattachant aux notions de parcours, de maillage et d’organisation en santé. Un espace de projet commun entre divers acteurs d’horizons différents, un espace de réflexion et d’action, mais aussi un espace de transformation des pratiques pour réorganiser et redéfinir les contours de la prise en charge du patient. À l’heure du déploiement et de la mise en place des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), il semble évident que « les enjeux d’accès aux soins, d’organisation des parcours de santé, de prévention populationnelle, de maintien ou d’installation des médecins se jouent en grande partie au niveau du territoire »(1).

 

Karen Ramsay, rédactrice en chef
Karen Ramsay, rédactrice en chef

 

Repenser ce territoire en définissant ses caractéristiques et ses besoins, analyser ses forces et ses faiblesses, s’engager ensemble sur des objectifs communs d’amélioration, appréhender la prévention et la gestion des parcours… La responsabilité populationnelle naît d’un engagement collectif et partagé des acteurs d’un territoire – professionnels de santé, établissements hospitaliers, représentants institutionnels et usagers – pour « s’enthousiasmer ensemble », comme le décrit le Dr Hector Falcoff, et imaginer, à partir de constats partagés, des pistes d’amélioration et des solutions aux contraintes que rencontre cette population. Cette responsabilité populationnelle suppose ainsi d’innover dans les modes de prise en charge, de s’organiser différemment, de mutualiser les compétences, de maximiser les échanges, de fluidifier la coopération entre la ville et l’hôpital, d’être à l’écoute du patient… En clair, de penser autrement le soin.

En supposant un tel changement de paradigme, cette co-construction exige une évolution en termes d’objectifs (du curatif au préventif), de public (de la patientèle à la population), et d’échelle (du bassin de vie immédiat au territoire). En construisant ainsi un système de santé davantage à l’écoute du terrain et de ses besoins, elle responsabilise et engage chaque acteur au sein de son territoire. Car avant d’être collective, cette responsabilité est d’abord, et avant tout, individuelle. 

1. Discours d’Agnès Buzyn, alors ministre de la Santé, au Congrès de la médecine générale en avril 2019.
 

RETOUR HAUT DE PAGE