Où en est-on des équipes de soins coordonnées autour du patient ? À en croire le Dr William Joubert, président de l’Union nationale des professionnels de santé (UNPS), si l’Escap est un "concept utile et simple, soutenu par tous les syndicats représentatifs et par le terrain", le "blocage" de la Caisse nationale d’Assurance maladie est "incompréhensible" : "On est dans une situation où on commence à trouver le temps long", a-t-il lancé mercredi, lors d’une conférence de presse : "Le 1er mars, il y a eu une ouverture au niveau de l’accord cadre interprofessionnel (Acip) sur l’Escap, mais depuis, plus rien, malgré nos propositions de rencontrer la Cnam. Zéro nouvelle depuis le 1er mars."


crédit : K.R.

 

Dénonçant le "silence assourdissant" des tutelles face à ce nouveau modèle d’organisation et de coordination des soins qui, l’assurent-ils, est une réponse "utile et importante aux évitements des hospitalisations et des passages aux urgences, au partage des compétences et des tâches, à l’amélioration de l’accès aux soins", William Joubert ne pense pas toutefois que le "silence" des tutelles soit lié au financement du dispositif : "On a proposé à maintes reprises des groupes de travail sur la rémunération mais il faut savoir qu’on est très ouvert sur cette question de rémunération : forfait Rosp, forfait structure, paiement individuel… Alors oui, on aimerait bien connaître les raisons du blocage." Une difficulté que son collègue, Sébastien Guérard, vice-président de l’UNPS et président de la Fédération française des masseurs-kinésithérapeutes rééducateurs (FFMKR), place du côté du modèle proposé : "La Cnam pense que c’est une remise en question de leur modèle organisationnel… Ils craignent que la cathédrale administrative qu’ils ont voulu bâtir n’ait plus de sens."

 

"Une vraie complexité administrative ! "

Porté par l’UNPS, qui réunit 12 professions de santé et 23 syndicats "les plus représentatifs", ce modèle "vient d’un besoin de terrain, affirme Sébastien Guérard. Notamment de la nécessité des professionnels de dialoguer et de repenser un modèle coordonné différent de celui proposé par la tutelle. Aujourd’hui, on reconnaît la structuration en exercice de soins primaires mais celle-ci est relativement lourde car cela demande la création d’une association, le montage d’un projet de santé et d’une approche patientèle ou populationnelle. Une vraie complexité administrative ! L’idée, avec les Escap, est de partir du patient et de l’équipe de soin qui gravite autour de lui, à travers notamment un outil numérique qui permet la coordination et le partage d’informations pendant un épisode de soin donné".

Un outil qui doit être disponible "au meilleur coût possible" et répondre "à toutes les mesures de protection de données, permettre l’identification du patient et le recueil de son consentement, contenir une grille d’inclusion, proposer une interconnexion à un annuaire santé pour identifier tous les professionnels de santé du territoire, ou encore une interopérabilité et une interconnectabilité entre outils", explique l’UNPS, qui insiste sur le besoin de traçabilité de l’ensemble des échanges entre professionnels et sur les éléments qui seront visibles par l’Assurance maladie. Car hors de question, poursuit-elle, que celle-ci ait une visibilité sur les données de santé du patient, par exemple. Pour l’heure, trois éditeurs se sont emparés du dispositif : Idomed, e-coordination et Entr’Actes.
 

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