Peu importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse. C’est ce que pourraient se dire les habitants du quartier populaire du Franc-Moisin à Saint-Denis : quelle importance si l’ACSBE, qui pilote le centre de santé où ils ont l’habitude de venir se faire soigner et qu’ils ont toujours connue comme une association loi 1901, change de statut pour devenir une société coopérative d’intérêt collectif (Scic) ? Le principal n’est-il pas de continuer à pouvoir y trouver les soignants qu’ils y ont toujours trouvé, et à bénéficier des diverses activités de santé communautaire qu’ils connaissent depuis maintenant trente ans ? Mais pour les équipes impliquées dans le fonctionnement de la structure, ce bouleversement, intervenu le 1er janvier dernier, sonne comme un nouveau départ… et il peut apporter des réponses à de nombreuses problématiques, bien au-delà des tours du Franc-Moisin.
"Par bien des aspects, l’ACSBE ne s’est jamais aussi bien portée qu’en 2022, souligne Didier Ménard, médecin généraliste et ex-président de l’association, qui vient justement de passer la main. Mais elle avait un point de faiblesse : son modèle juridique." De fait, malgré l’implication des bénévoles et des salariés, la gouvernance de l’association, poursuit-il, "reposait essentiellement sur trois personnes" : lui-même, ainsi que la trésorière et la secrétaire de la structure. "Nous connaissons très bien le territoire, mais ce n’était pas raisonnable de ne pas préparer la relève", estime le praticien. D’autant qu’à la question de la durabilité de la gouvernance s’ajoutait celle de sa nature. "Il fallait vraiment que nous parvenions à une gouvernance plus participative", explique-t-il.