Dans les tuyaux depuis le 28 août 2018 et la remise du rapport de Charlotte Lecocq au gouvernement, la réforme de la santé au travail prend une tournure qui ne satisfait pas les professionnels de santé. L’accord national interprofessionnel (ANI) signé le 9 décembre dernier a été traduit dans une proposition de loi "pour renforcer la prévention en santé au travail", bénéficiant d’une procédure accélérée, et adoptée par l’Assemblée nationale en première lecture le 17 février.

Première avancée du texte : dans le code du travail, les "services de santé au travail" deviennent les "services de prévention et de santé au travail" (SPST). Une mesure qui traduit les intentions affichées de la réforme : intégrer plus de prévention. Ce nouveau nom devrait s’accompagner de missions étendues d’évaluation des risques professionnels ou encore d’actions de promotion de la santé sur le lieu de travail.

Mais, au-delà de cette posture, les médecins du travail semblent loin d’être convaincus. "Il n’y a pas grand-chose", déplore ainsi le Dr Jean-Dominique Dewitte, président de la Société française de médecine du travail (SFMT).

Le maintien en emploi, une priorité

Pas grand-chose, mais quelques points positifs néanmoins : "Nous avions peur que les services de santé au travail tels qu’ils existent aujourd’hui disparaissent au profit d’autres structures, mais ça ne semble pas être le cas", explique le Dr Esther Szwarc, médecin du travail de l’Opsat (Organisme pour la prévention des risques professionnels et de la santé au travail en Franche-Comté). Les cellules de maintien dans l’emploi qui devraient être créées dans les services de santé au travail mettent ces structures au coeur du dispositif de prévention. Elles pourront proposer des actions de sensibilisation ou proposer des mesures d’aménagement du poste de travail pour accompagner les salariés les plus vulnérables. "Encore faudra-t-il que les services en aient la possibilité, qu’ils puissent y consacrer du personnel…", souligne le médecin, qui salue néanmoins l’idée.

La création d’un passeport prévention, que prévoit la loi, semble aussi être positivement accueillie. Toutes les formations suivies par les travailleurs sur la sécurité et la prévention y seront mentionnées. "On se décide enfin à faire de la traçabilité !", note Esther Szwarc. Le renforcement des compétences des infirmières est aussi plutôt positif, et notamment l’arrivée des infirmières en pratique avancée. "C’est essentiel : les infirmières effectuent déjà des visites de préreprise ou de reprise, et ça fonctionne très bien", poursuit-elle.

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