Article publié dans Concours pluripro, avril 2021.

 

En France, 7 millions de Français adultes souffrent d’obésité, soit environ 15 % de la population (1). Un chiffre élevé qui fait de cette maladie chronique – selon les termes officiels de l’Organisation mondiale de la santé depuis 1997 – un enjeu majeur de santé publique. En France, pour des raisons sans doute autant économiques que relevant des habitudes médicales, elle ne donne pas droit à une prise en charge d’affection de longue durée (ALD) par l’Assurance maladie.

Cette situation particulière de l’obésité a posé problème depuis le début de l’épidémie de Covid-19, comme l’explique Agnès Maurin, cofondatrice et directrice de la Ligue contre l’obésité : "Nous avons vite compris que l’obésité était un facteur de risque majeur de complication de la maladie, et ça se confirme : 45 % des patients admis en service de réanimation Covid sont en situation d’obésité, et ils représentent environ 40 % des décès." Pourtant, comme l’obésité n’est pas reconnue comme une maladie à part entière en France, il était difficile pour les personnes concernées d’obtenir une autorisation d’isolement, comme cela a pu être le cas pour les insuffisants rénaux, ou les personnes atteintes d’autres maladies chroniques.

"Avec la Ligue contre l’obésité, nous avons oeuvré sur le sujet depuis un an pour faire reconnaître ce droit à la protection individuelle, et nous continuons de le faire, poursuit Agnès Maurin. Dans les premiers plans de vaccination établis, les personnes en situation d’obésité ne faisaient, par exemple, pas partie des cibles prioritaires." C’est chose faite depuis le début du mois de mars : à partir de 50 ans, elles peuvent désormais se faire vacciner.

"On continue d’attribuer l’obésité à de mauvais comportements, déplore Agnès Maurin. Les résultats de recherche nous montrent pourtant aujourd’hui que les causes sont plurifactorielles, et que l’explication comportementale est loin de suffire." Parmi ces causes, elle cite notamment les polluants chimiques obésogènes, les traumatismes de la vie, les traitements médicamenteux, les troubles du sommeil ainsi que le risque et les prédispositions génétiques…

Focus

La grossophobie, enjeu national

Pour la deuxième année consécutive, la Ligue contre l’obésité organisait en France la Journée mondiale contre l’obésité le 4 mars 2021. Outre les événements organisés sur l’ensemble du territoire – notamment "Kilomètre contre l’obésité" réunissant des coureurs connectés –, cette édition a été l’occasion de faire un focus sur la grossophobie. Le terme a pris sa place dans les dictionnaires en 2019, et le phénomène a fait l’objet d’une enquête Odoxa commandée par la Ligue, et réalisée auprès de 12 000 personnes, dont 2 200 enfants.
 

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Les résultats suggèrent que 18 % des Français interrogés subissent ou ont subi des discriminations, toutes causes confondues. Pour les personnes en situation d’obésité, ce chiffre monte à 23 %, et à 41 % pour celles en obésité massive. Dans le détail, les jeunes sont les plus touchés, et particulièrement les jeunes femmes : une sur deux (47 %) a déjà été victime de grossophobie. Chez les adolescentes de 14 à 17 ans, ce chiffre monte à 54 %.

Les personnes en situation d’obésité affirment notamment souffrir de discriminations dans l’espace public, et dans les domaines scolaire et professionnel. Pour plus de la moitié, c’est toutes les semaines, et pour près d’une sur cinq, tous les jours.

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