article publié dans Concours pluripro, mai 2021

Chloé (prénom modifié) est installée dans un canapé de la salle d’attente de l’institut Women Safe & Children, au 2e étage du bâtiment abritant le pôle social du département des Yvelines, situé en face du centre hospitalier intercommunal (CHI) de Poissy-Saint-Germain-en-Laye (Yvelines). Elle attend son rendez-vous avec la juriste et la gynécologue de l’association, dont elle a passé les portes il y a quelques mois car, à la suite de son accouchement, "elle a cru mourir", confie-t-elle. "Cet accouchement a fait rejaillir les souvenirs des viols qu’elle a subis étant enfant, par un membre de sa famille", glisse Juliette, gynécologue bénévole au sein de l’association. Depuis la naissance de son enfant, la jeune femme ressent des douleurs pelviennes… Malgré les nombreux traitements qu’elle reçoit, la situation ne s’arrange pas. Si "cela fait un moment" que la gynécologue lui explique que ses douleurs "peuvent être traumatiques et qu’une action en justice à l’encontre de cette personne pourrait aider à sa reconstruction", Chloé était jusque-là plutôt réfractaire à la démarche. Mais, aujourd’hui, elle a décidé de sauter le pas, et accepte d’être reçue par la juriste pour connaître les options possibles.

Cette prise en charge illustre le travail réalisé par l’institut Women Safe & Children qui, pour accompagner au mieux les femmes victimes de toutes formes de violences physiques, psychologiques, sexuelles et/ou économiques, propose un lieu réunissant à la fois des prises en charge sanitaire, sociale et juridique afin de coordonner l’aide qui peut leur être apportée. "La santé et la justice sont intrinsèquement liées, soutient Frédérique Martz, directrice et cofondatrice de l’association. Une femme qui a été victime de violences a besoin d’être remise en bonne santé physique et psychique. Cela va conditionner sa reconstruction et sa capacité à déposer plainte si elle le souhaite."

 

Un accompagnement pluriprofessionnel et gratuit

Qu’elles viennent de leur propre initiative – généralement après une prise de contact par téléphone – ou qu’elles soient adressées par les services hospitaliers publics ou privés, ou par un professionnel de santé libéral, les femmes sont accueillies par une cinquantaine de bénévoles, salariés et retraités actifs – médecins (gynécologue, pédiatre, généraliste, gastroentérologue), infirmières, psychologues, juristes, avocats, éducateurs en activité physique adaptée, masseurs, ostéopathes, etc. – qui leur proposent un accompagnement gratuit et pluridisciplinaire.

                                                                                      

Lors du premier rendez-vous, la victime est d’abord reçue par une infirmière pour un entretien d’accueil. "Ce premier lien est précieux, il va permettre l’ancrage de la personne dans son accompagnement", indique Filiani, infirmière au sein de l’association. Durant ce temps d’échange, cette dernière lui présente un document administratif à remplir, et lui demande les coordonnées des personnes "démarchées" (médecin, assistante sociale, avocat, etc.) afin d’établir un lien si besoin... "Vient ensuite la partie la plus difficile. Je lui demande la raison de sa venue, donc de me raconter les violences qu’elle a subies, rapporte l’infirmière. Parfois, certaines femmes ont déjà une prise de conscience par rapport à leur situation, d’autres sont encore sous l’emprise de la personne violente, certaines ont déjà divorcé… Dans tous les cas, il est important de connaître leur histoire et leurs attentes pour les soutenir au mieux." Filiani peut alors réfléchir à l’accompagnement à mettre en place pour cette victime, en agençant les problèmes par ordre de priorité pour en faire part aux autres acteurs de la structure. Celle-ci rédige également un compte-rendu de l’entretien "afin qu’elle n’ait pas à répéter son histoire lors de ses autres rendez-vous à l’association, ce qui peut être traumatisant", précise Frédérique Martz.

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