Le Dr Marie-Hélène Jégou-Penouil est dermatologue à Blanquefort (33)

 

Une jeune fille de 15 ans vous consulte pour une acné ayant débuté il y a 2 ans et qui s’aggrave malgré des soins scrupuleux encouragés par ses bloggeuses favorites. Elle n’a pas d’antécédent particulier. Elle est réglée depuis plus de 2 ans, les cycles sont réguliers mais accompagnés d’un syndrome prémenstruel qui l’oblige parfois à rester chez elle. Elle ne fume pas, son IMC est normal. Elle vous signale que sa meilleure amie a un traitement qui fait tout disparaître mais qui peut la rendre folle. Sa mère accompagnante ne veut entendre parler ni de ce traitement ni de la pilule.

 

ANAMNÈSE

L’acné est une pathologie du follicule pilo-sébacé se développant principalement à l’adolescence, mais qui se voit de plus en plus fréquemment à l’âge adulte sans que de réelles explications puissent être formulées systématiquement. Il est indispensable de rechercher des antécédents personnels pour éliminer une acné syndromique (SAPHO notamment) et des antécédents familiaux d’acné ou de maladie de Verneuil. Les antécédents familiaux augmentent le risque, et si deux parents sont atteints, l’acné de leur enfant sera statistiquement plus sévère.

Il est nécessaire de savoir si l’enfant a un traitement en cours pour l’acné ou d’autres pathologies. Certains sont inductibles d’acné (estroprogestatif androgénique, antiépileptique, lithium, certains anti-dépresseurs).

Il faut qualifier les cycles menstruels (rythme, syndrome prémenstruel), recueillir les soins locaux réalisés, dont les soins cosmétiques (lavage, crèmes, gommages).

Enfin, durant toute la consultation, il faut évaluer la répercussion psychologique de l’acné sur cette adolescente.

La patiente ne prend aucun traitement ni pilule, sa mère a eu une acné sévère qui a été traitée par Diane 35. Elle fait des gommages au moins une fois par semaine et comme elle trouve qu’elle a la peau « qui tire », elle met une crème hydratante et cache son acné, même si elle reste à la maison, avec un fond de teint. Elle sèche ses boutons avec de l’huile essentielle d’arbre à thé (tea tree).

Vous leur expliquez que l’antécédent familial pondère négativement cette acné. Il est essentiel d’interdire les gommages qui induisent des acnés mécanogènes. Le lavage doit être doux et quotidien : il est conseillé de se nettoyer le visage le soir avec une lotion micellaire ou un nettoyant doux, spécifique ou non. Il faut inciter la patiente à bien observer les étiquettes de ses produits cosmétiques, notamment les crèmes, afin de savoir s’ils sont testés « non comédogènes » ou prévus pour des peaux mixtes ou grasses. Toutes les crèmes n’ayant pas ces qualificatifs doivent être évitées. Elle doit éviter l’utilisation d’huile essentielle sans avis spécialisé, et préciser que le tea tree notamment, comme la lavande, ont des propriétés de perturbateurs endocriniens.

 

ÉLÉMENTS CLINIQUES

Il y a plusieurs types d’acné, le plus souvent combinés. On parle d’acné polymorphe. L’acné s’analyse en lésions élémentaires et en topographie. Il faut aussi rechercher des signes associés, notamment d’hyperandrogénie (alopécie androgénique, hyperpilosité/hirsutisme…). Il est capital de classer l’acné en type (rétentionnelle, inflammatoire papulo-pustuleuse ou nodulokystique, polymorphe, cicatricielle), en topographie (en T typique de l’adolescence, en U, qui plaide en faveur d’un souci hormonal avec ou sans atteinte du tronc) et en gravité (échelle GEA).

L’acné rétentionnelle est caractérisée par une peau grasse et brillante, des pores dilatés, la présence de comédons ouverts (points noirs) et fermés (points blancs sous la peau). L’acné inflammatoire correspond , pour sa part, à l’inflammation des éléments rétentionnels. Quand l’inflammation est superficielle, il apparaît des papules puis des pustules. Quand l’inflammation est plus profonde, il apparaît des nodules, souvent douloureux, qui peuvent évoluer vers des abcès/kystes.

 

Il est capital de classer l'acné en type, en topographie et en gravité
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