L’hôpital public est en crise. Cela fait longtemps que ça dure. L’acutisation récente liée à la gestion de la pandémie au Covid-19 a provoqué une surmédiatisation que le politique ne peut ignorer. De là, un Ségur de la santé réunissant l’ensemble des acteurs. Rémunérations, aménagement du temps de travail, répartition de la gouvernance entre administration et corps médical et politique d’investissements en seront les sujets « incontournables ».

Reste que les conclusions à venir de ce Ségur devront s’articuler avec ce qui persistera de « Ma santé 2022 ». En particulier, avec tout ce qui contribuait au virage ambulatoire et au parcours du patient ; ce qui inquiétait fort les hospitaliers. On peut aussi s’étonner de la tournure des événements depuis la pandémie. Dès lors, il est impératif de rappeler ces choses dont on peut craindre qu’elles soient inaudibles dans le torrent des revendications hospitalières. D’abord, cette institution qu’il faut regénérer. S’agissant d’une énième réforme, il faut s’étonner que l’on centre d’emblée la réflexion sur l’institution et non pas sur ce qui devrait nourrir toute réflexion, c’est-à-dire les besoins des malades et de la population. Feront-ils entendre leurs voix lors du Ségur ?

Ensuite, les soignants. On doit surtout dénoncer que les politiques d’évolution des métiers aient été bloquées depuis deux décennies. Cela aurait permis, en plus d’améliorer le service au patient, de renouveler l’attractivité des professions de santé (et singulièrement, des infirmières). Alors qu’aujourd’hui, seule la question salariale prévaut pour des métiers verrouillés par des décrets d’actes.

Enfin, les discours qui stérilisent les débats. On répète que la T2A oblige à multiplier les actes qui payent, sans lien avec leur pertinence. Pourquoi ne pas faire évoluer les critères sur lesquels elle est fondée pour valoriser ce qui est utile aux malades, comme la chirurgie ambulatoire, les hôpitaux de jour, l’éducation thérapeutique et, pourquoi pas, la coordination avec la ville ? Il faut aussi insister sur le fardeau des tâches administratives. Soit une administration qui prolifère autour de l’activité clinique. On a vu ainsi se créer des directions Qualité dans chaque hôpital, qui projettent, élaborent, gèrent, analysent, synthétisent et, finalement, répètent des procédures qui imposent une participation absorbante pour les soignants et les médecins. Bis repetita à l’échelon régional (ARS) ou national (HAS, entre autres).

Sans doute faut-il regretter que médecins et soignants aient subi, au lieu d’assumer, un leadership de l’ensemble de ces pratiques. Sans doute en auraient-elles été allégées et bonifiées au bénéfice des malades.

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