Interview parue dans la revue Egora du 20 septembre

Quelle est la mission du Collège de la médecine générale (CMG) en matière de développement professionnel continu (DPC) ?

Pr Paul Frappé : Rappelons que le CMG est une association loi 1901 qui regroupe l’ensemble des organisations de la discipline médecine générale : syndicats représentatifs, structures scientifiques, structures académiques, structures de formation, associations pour la promotion de la spécialité. Le CMG intègre en son sein le Conseil national professionnel (CNP) de la spécialité médecine générale, créé il y a deux ans. La mission du CNP est de déterminer les orientations nationales du DPC et le parcours triennal de validation du DPC pour les médecins généralistes. La loi prévoit aussi que le CNP accompagne individuellement les médecins dans leur parcours de formation. C’est impossible pour le moment, car nous ne disposons que des données anonymisées et agrégées transmises par l’Agence nationale du développement professionnel continu (ANDPC). Idéalement, il faudrait que l’ANDPC transmette au CNP les données des médecins, avec leur accord, bien sûr. Ceux-ci pourraient s’adresser individuellement à nous pour du conseil et de l’accompagnement. Et le CNP pourrait valider leur parcours de DPC avant que l’Ordre des médecins ne leur délivre l’attestation finale.

Le bilan du DPC pour la médecine générale fourni par l’ANDPC et publié par le CMG cet été montre que très peu de médecins sont à jour de leur obligation. Est-ce une surprise ?

Non. Cette synthèse (voir encadré Focus) illustre une situation que beaucoup pressentaient : à ce jour, la majorité des médecins généralistes ne se sont pas engagés dans la validation – pourtant obligatoire – de leur parcours triennal de formation 2020-2022. Attention, toutefois, aux chiffres, car l’ANDPC ne dispose pas des données d’inscription pour certaines catégories de médecins : les libéraux non conventionnés avec l’Assurance maladie, les salariés des établissements de santé ou médico-sociaux, les salariés des laboratoires pharmaceutiques, de la santé au travail, de l’Éducation nationale… Mais parmi les médecins généralistes libéraux conventionnés avec l’Assurance maladie et les médecins généralistes salariés en centres de santé conventionnés (au 1er janvier 2021, l’Ordre recense 85 364 médecins généralistes en activité régulière ; NDLR), seuls 10 600 ont réalisé deux programmes de DPC susceptibles de leur permettre de valider leur obligation triennale de formation. Si la plupart des médecins ne sont pas encore entrés dans la démarche du DPC, c’est parce qu’il faut un vrai déclencheur pour fermer son cabinet et aller se former. Or le dispositif peut leur paraître opaque, lointain. Des organismes de formation agréés DPC, sérieux ou moins sérieux, font du démarchage auprès des médecins. Lesquels ne savent pas comment choisir, cela crée de la méfiance. Et puis, le non-respect de l’obligation de DPC n’a pas de conséquences jusqu’à maintenant…

L’offre de DPC ne répond pas aux besoins spécifiques de formation liés au contexte de crise sanitaire. Le regrettez-vous ?

Le dispositif du DPC a une inertie qui ne répond pas à un contexte de crise. Et s’agissant du Covid, l’évolution des connaissances est très rapide et la réactivité est difficile. Dans un second temps, le DPC sera utile pour des formations sur le Covid long, par exemple. Il est donc clair que le DPC indemnisé n’est pas l’alpha et l’oméga ; les médecins doivent aussi savoir se former par petites touches, de façon non indemnisée. Ils peuvent s’abonner à une revue médicale même sans faire le test de lecture DPC, ou participer à des réunions locales sur des thèmes qui les intéressent. Tout cela doit être encouragé.

 

Les médecins doivent aussi savoir se former par petites touches, de façon non indemnisée
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