Une tribune libre d'Aline Courie Lemeur, maître de conférences, ISM-IAE Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, université Paris-Saclay, UVSQ, Larequoi.

Il est vrai que la prise de recul en temps de crise n’est pas une tâche aisée. Tirer des leçons à chaud, alors que la crise continue à nous brûler la peau, est probablement peu judicieux. Et cela est d’autant plus discutable si la crise est de nature sanitaire, alors que le citoyen est touché dans son droit humain fondamental et vital, la santé et l’accès aux soins.


Aline Courie Lemeur

Face à une crise sanitaire inédite, le système de santé est tenu d’agir, malgré la pénurie de moyens humains spécialisés, malgré le manque dramatique de matériel, d’équipement et de structure de soins. La résilience devient le mot d’ordre du politique, et le système de santé, avec tous ses acteurs, n’a le choix que de tenir bon et de se débrouiller pour sauver des vies, malgré tout !

Entre manque de matériel et dévouement

Les étudiants en médecine et en soins infirmiers rejoignent leurs aînés et se mettent à la pratique, même s’ils ne sont pas encore prêts ou bien préparés. Les soignants, manquant de blouses jetables, se couvrent de sacs-poubelle. Le personnel soignant se forme rapidement pour pourvoir prendre en charge les patients Covid-19, même si ce n’est pas son champ d’expertise. Il ne compte plus ses heures de travail, ne s’attarde plus au manque de moyens. Il ne ménage plus ses efforts et accompagne les patients dans les trains et les avions pour les acheminer, le mieux possible, vers d’autres structures de soins moins engorgées.

Dans les Ehpad, le personnel soignant se confine avec les personnes âgées pour les protéger au mieux. La médecine de ville, les soignants libéraux et les pompiers sont fortement mobilisés, même si les masques médicaux leur manquent, même si c’est parfois au détriment de leur vie.

Mais cette ingéniosité des soignants et des acteurs du terrain, qui contribue d’une manière centrale à la résilience du système de santé face à la crise sanitaire, est-elle une première ? Les fragilités mises en exergue par l’actuelle crise sanitaire sont-elles inédites ? L’initiative des acteurs du terrain n’a-t-elle pas été déjà mise à l’épreuve dans le passé et n’a-t-elle pas fait déjà ses preuves ?

En effet, les leçons du passé peuvent nous montrer que la résilience du système du santé français a reposé à maintes reprises sur l’ingéniosité et sur la débrouillardise des soignants et des acteurs du terrain. La crise sanitaire actuelle liée au Covid-19 n’a fait que le confirmer encore une fois.

Cette crise sanitaire devrait conduire à changer définitivement la place des soignants et des acteurs du terrain dans la gouvernance du système de santé, pour que sa résilience ne demeure plus conjoncturelle et devienne définitivement structurelle.

Qu'est-ce que la résilience ?

Elle se présente comme une spécificité psychologique permettant de rebondir après un choc grâce à des qualités individuelles qu’on possède et à des opportunités de l’environnement. Le concept de la résilience s’est étendu au domaine des organisations, par la suite, pour faire référence aux capacités d’adaptation et de reconstruction d’une organisation, à la suite d’événements inattendus ou à des chocs soudains. Ce concept cherche à comprendre comment les organisations réussissent à absorber, réagir et capitaliser sur des turbulences provenant de leur environnement externe, pour ensuite faire émerger des apprentissages permettant à une organisation de construire et d’entretenir sa capacité de résilience dans le temps, afin de mieux résister aux épreuves.
 

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