Pour faire face à la crise du Covid-19, inédite dans le système de santé moderne, les professionnels ont dû s’adapter pour détecter et soigner les patients atteints, pour protéger la population et leurs patientèles, mais aussi pour se protéger eux-mêmes, ou encore pour participer à l’effort statistique national. Ils ont donc dû revoir leur modèle organisationnel en urgence.

Et l’exercice coordonné semble avoir facilité les choses. « Incontestablement, notre culture, nos capacités de réaction et nos moyens – informatiques notamment pour sécuriser le télétravail – ont été des avantages importants, souligne le Dr Philippe Boisnault, médecin généraliste à la MSP des Cordeliers de Magny-en-Vexin (Val-d’Oise). En MSP, on trouve toujours une solution aux problèmes. »

Un collectif huilé pour la grippe

Tôt dans l’épidémie, avant les recommandations officielles, la MSP a surtout mis en place un protocole établi les années précédentes lors des épidémies de grippe en l’adaptant à la gestion du Covid, avec deux salles d’attente pour éviter les contaminations. Un médecin a été dédié aux consultations de patients porteurs potentiels. « Nous nous sommes ensuite adaptés aux différents textes », ajoute Philippe Boisnault.

Un exercice plutôt mal vécu, explique-t-il, en raison des modifications permanentes des recommandations. « J’ai fini par appeler l’ARS en leur expliquant que des documents de 30 pages tous les trois jours, ça ne servait à rien car nous n’avions de toute manière pas le temps de les lire », confie le médecin.

Au total, ce sont 320 patients avec suspicion de Covid-19 qui ont consulté, et jusqu’à 75 pour la semaine la plus chargée. « Les patients ont été recensés dans un tableau commun aux professionnels de la structure, sur une application Google Sheets partagée qui regroupait les renseignements nécessaires à leur suivi, explique le généraliste. Un protocole d’appel a été mis en place à J-4, J-7, J-10, J-14 et J-21, géré notamment par une consoeur en télétravail, ce qui a profité au bon suivi des Covid suspects. »

Les patients Covid et les autres

La structure, en plus de gérer l’afflux de malades, s’est également enquise de la santé de sa file active. Les professionnels de santé dont l’exercice avait dû être interrompu se sont proposés pour appeler tous les patients âgés de plus de 80 ans, soit 250 personnes. Parmi eux, 50 ont été rappelés immédiatement par les médecins, et des cas ont été signalés aux organismes locaux, certaines personnes étant particulièrement isolées pendant la crise.

« Nos agendas sont remplis très à l’avance pour les consultations de patients chroniques. À l’approche des consultations, nous avons décidé de les appeler eux aussi pour savoir si leur présence était nécessaire. » L’équipe a ainsi pu assurer un suivi et renouveler les ordonnances, tout en laissant de la place pour les consultations plus urgentes.

« Grâce à cette organisation, nous n’avons finalement pas eu de changement significatif de l’activité, note le Dr Philippe Boisnault. En revanche, la charge mentale était énorme, pour s’organiser, pour tous faire la même chose en termes de suivi, d’arrêts de travail, de gestion des fragilités, pour briefer les équipes tous les deux jours… Seul, ça n’aurait pas été possible. »

Fiche d'identité de la MSP des Cordeliers

La maison de santé des Cordeliers, située à Magny-en-Vexin, s’est formée en 2006 avec, dès le départ, un projet de santé monté autour de réunions de concertation pluriprofessionnelles et de la coordination. Créée à l’initiative de huit professionnels de santé isolés dans ce territoire rural, la structure s’est agrandie en 2018 et compte aujourd’hui 29 professionnels : 3 secrétaires, 6 médecins généralistes (4 titulaires et 2 adjoints), 2 internes, 3 infirmières, 1 infirmière Asalée, 3 kinésithérapeutes, 1 cardiologue, 2 sages-femmes, 2 psychologues, 1 diététicienne, 1 orthophoniste, 2 podologues, 1 psychomotricienne et 1 ostéopathe. Moteur de l’exercice coordonné dans la région, la MSP a participé à la mise en place d’expérimentations autour des nouveaux modes de rémunération (ENMR) et de l’accord conventionnel interprofessionnel (ACI), mais aussi dans le dispositif d’appui à la coordination du secteur (Odyssée). Avec d’autres professionnels, elle s'est également impliquée dans une jeune CPTS, qui a vu le jour en novembre 2019.

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