Favoriser un meilleur accès aux soins, rechercher davantage d’efficience, offrir une meilleure prise en charge et un suivi amélioré des patients, assurer de meilleures conditions d’exercice : ces objectifs des tutelles, affichés notamment dans le cadre du Ségur de la santé, passent par la mise en place de nouveaux métiers ou de nouvelles compétences. Parmi eux, les infirmiers en pratique avancée (IPA) et les assistants médicaux, qui se trouvent au cœur des grandes réformes du système de santé. "Lorsqu’il est question de nouveaux métiers, cela soulève deux interrogations, rapporte Anne Moyal, sociologue, chercheuse affiliée au Centre de sociologie des organisations (CSO) et au Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques (LIEPP). Pourquoi de nouveaux métiers apparaissent-ils et quelle place vont-ils prendre par rapport à ceux déjà existants ?" Et de poursuivre : "Actuellement, l’une des raisons principales à la création de nouveaux métiers est la difficulté d’accès aux soins dans les territoires et à la nécessité de mobiliser les forces vives déjà présentes pour pallier le problème en les faisant monter en compétences."
La pénurie de médecins généralistes amène les pouvoirs publics à se concentrer sur ce que les autres professionnels de santé peuvent offrir en complément. Sans parler de l’enjeu épidémiologique, avec notamment la hausse des maladies chroniques qui impose davantage de suivi au long cours et de nouveaux efforts à fournir dans la prévention. "La crise sanitaire confirme d’ailleurs l’importance des infirmiers de santé publique dans la politique de prévention et l’accompagnement des patients sur le long terme", soutient Anne Moyal. Mais la sociologue des professions rappelle que depuis près de cinquante ans, l’apparition d’un nouveau métier est souvent associée à un risque de conflit "du fait d’un potentiel chevauchement des tâches que chacun convoite", ajoute-t-elle

Réfléchir aux compétences de chacun

"Au niveau des équipes pluriprofessionnelles coordonnées et de proximité, donc des maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) notamment, nous accueillons toujours favorablement les interrogations sur l’optimisation de la qualité de l’offre en santé, souligne le Dr Patrick Vuattoux, médecin généraliste au sein de la MSP Saint-Claude à Besançon (Doubs) et vice-président d’AVECSanté. Ces nouveaux métiers sont intéressants car ils aident à la réalisation du projet de santé dans l’objectif de fluidifier les parcours patients et de dispenser le bon soin au bon moment." Mais concrètement, comment les mettre en place ? "L’équipe pluriprofessionnelle doit être l’unité de base de l’offre de santé de proximité, complète-t-il. Mais la démarche doit également être portée par le politique. Si les pouvoirs publics l’approuvent, ils doivent prendre des mesures concrètes, car aujourd’hui, nous constatons surtout qu’ils surfent sur la vague."

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