Le décret créant le métier d’IPA va bientôt fêter ses trois ans. Et depuis trois ans, la profession ne cesse dénoncer les obstacles qui empêchent son développement : entraves administratives, modèle économique bancal, impossibilité de voir les patients en premier recours… Autant de griefs que Tatiana Henriot, présidente de l’Union nationale des IPA (Unipa) et Julie Devictor, présidente du Conseil national professionnel des IPA (CNP-IPA) ont pu exposer au ministre de la Santé lors d’une réunion organisée le 19 avril dernier.

"Nous avons trouvé Olivier Véran plutôt disponible, beaucoup moins dans le discours politique que dans le souci de nous soutenir et de nous accompagner de manière opérationnelle", se félicite Tatiana Henriot. Mais plus qu’une posture, ce sont des réponses concrètes à leurs difficultés que les IPA étaient venu chercher. Et elles estiment en avoir obtenu, du moins sur le papier, et ce sur plusieurs dossiers.

Tatiana Henriot et Julie Devictor reçues par Olivier Véran
Les représentantes des syndicats IPA reçues au ministère de la Santé (© Unipa)

 

C’est notamment le cas du problème de l’identification des IPA dans les systèmes d’information de l’Assurance maladie, qui empêche de longue date la profession de jouer son rôle de prescription. "Quand nous lui avons expliqué que des pharmaciens refusaient nos prescriptions parce qu’ils n’arrivaient pas à nous retrouver dans les bases de données de l’Assurance maladie, Olivier Véran a immédiatement décroché son téléphone pour appeler le directeur de la Cnam", relate Tatiana Henriot. Résultat : celui-ci aurait promis de mettre davantage la pression sur ses équipes pour régler le problème.

Modèle économique et accès direct

Autre souci : le modèle économique des IPA libérales, dénoncé depuis bientôt deux ans par leurs représentants car il ne permet pas l’exercice de la totalité des missions de la profession. "Il nous a dit qu’il avait vraiment besoin d’IPA en ville, et il s’est tourné vers ses collaborateurs pour demander que Sophie Servan-Decherf, conseillère en charge des professions de santé, se charge du dossier, explique la présidente de l’Unipa. Nous devons avoir un rendez-vous avec elle prochainement."

Reste la question de l’accès direct, qui mine les IPA depuis leur création : profession non prescrite, elles devraient pouvoir recevoir les patients sans passer par la case médecin, mais cela nécessite des évolutions législatives et réglementaires qui tardent à venir. "Olivier Véran a dit qu’il sollicitait un rapport de la DGOS [Direction générale de l’offre de soins, ndlr], qui doit arriver très vite sur son bureau, et nous avons un rendez-vous à ce sujet dans les jours qui viennent avec la sous-directrice, Vanessa Fage-Moreel", relate Tatiana Henriot.

Au final, les IPA ont obtenu beaucoup de promesses, et elles savent très bien que celles-ci n’engagent que ceux qui les écoutent. "Mais on voit bien, dans les contacts que nous avons eus avec le ministère depuis ce rendez-vous, que quelque chose a bougé, les retours ne sont plus les mêmes", veut croire Tatiana Henriot… qui dit tout de même "attendre les retombées concrètes" avant de crier victoire.

Retrouvez l'entretien avec Tatiana Henriot et Julie Devictor

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