Cercles de qualité
Une dynamique de groupe qui séduit
Expérimenté depuis an, le cercle de qualité situé à Migennes (Yonne) a particulièrement convaincu les professionnels de santé du territoire.
Cercles de qualité
Expérimenté depuis an, le cercle de qualité situé à Migennes (Yonne) a particulièrement convaincu les professionnels de santé du territoire.
Qu’est-ce qu’un cercle de qualité ? C’est une équipe constituée de cinq à quinze médecins exerçant sur un même territoire, et coordonnée par un ou deux pharmaciens-animateurs. Son objectif ? Renforcer la relation entre les médecins généralistes et les pharmaciens d’officine, contribuer au développement de la coordination des soins et améliorer la prescription médicamenteuse. Lors de chaque cercle, les professionnels échangent des données scientifiques, cliniques et thérapeutiques actualisées sur la base de la littérature internationale et adaptées à leur pratique quotidienne, autour de thèmes définis. Ils cherchent ainsi à établir un consensus autour de pratiques visant à optimiser la prise en charge thérapeutique des patients.
« Le cercle de qualité situé sur le site de Migennes a une très bonne dynamique, constate Florent Macé, l’un des doctorants à l’origine de l’expérimentation déployée en France par l’Unité mixte de développement professionnel continu en santé (UMDPCS) de l’université de Bourgogne, en partenariat avec le Laboratoire d’économie de Dijon. Les professionnels de santé ont déjà mené quatre réunions sur les cinq prévues, et le nombre de membres a considérablement augmenté. » Si, à l’origine, six médecins libéraux et deux pharmaciens d’officine, en plus du pharmacien-animateur, composaient l’équipe, aujourd’hui, ce sont sept médecins généralistes, sept pharmaciens, une infirmière coordinatrice et un pharmacien hospitalier qui se réunissent une fois par trimestre.
« Outre l’augmentation du nombre de participants au cercle, nous avons une ouverture sur l’hôpital, souligne Thomas Petit, pharmacien adjoint à Migennes (Yonne) et animateur du cercle de qualité. Des médecins hospitaliers ont donné leur accord de participation. » Un lien ville-hôpital qui s’est construit naturellement. « J’ai pris contact avec la pharmacienne de l’hôpital de Joigny pour échanger sur la problématique du lien ville-hôpital, raconte le pharmacien adjoint. Nous avons alors évoqué les cercles de qualité dont elle avait déjà entendu parler via des médecins, et elle a accepté d’y participer. » Les liens sont désormais encore plus étroits puisque, depuis, « je participe à la commission du médicament et des dispositifs médicaux de l’hôpital », fait savoir Thomas Petit.
Une amélioration des pratiques
À Migennes, cinq thèmes de recherche ont été définis : l’antibiothérapie, les antalgiques/antiinflammatoires, les médicaments du tractus gastro-intestinal, les médicaments chez la personne âgée et les antidépresseurs. Lors de chaque cercle, les participants se concentrent sur un thème et analysent entre cinq et dix ordonnances anonymisées de médecins généralistes libéraux. Et décident alors de mesures à mettre en place pour tendre vers une réelle coordination des pratiques entre la prescription et la dispensation.
Au début de chaque réunion, les participants abordent les conclusions du précédent cercle et la mise en oeuvre des mesures. « Nous diffusons les conclusions et un compte rendu auprès des membres du cercle, indique Thomas Petit. C’est ensuite à eux de se saisir des conseils et des recommandations pharmaceutiques pour une application concrète. » Les retombées sur la pratique se font ressentir. « Nous avions déjà émis l’idée d’inscrire le débit de filtration glomérulaire des patients sur les ordonnances des médecins généralistes, et avec l’arrivée de participants hospitaliers, nous avons convenu de l’élargissement de cette inscription aux ordonnances de sorties d’hospitalisation afin que les pharmaciens de ville disposent du maximum d’informations possibles sur les patients », ajoute Thomas Petit, précisant que cette mesure peut néanmoins se heurter à des contraintes administratives et informatiques.
D’ici 2021, l’objectif des instigateurs est d’arriver à une vingtaine de cercles de qualité sur l’ensemble du territoire pour travailler sur les données de prescription des médecins, notamment avec l’Assurance maladie. Les universitaires sont aussi à la recherche de financements pour la formation des pharmaciens-animateurs et envisager une possible rémunération de ces derniers ainsi que celle des participants.
Pour en savoir plus sur l’expérimentation, voir Le Concours médical, mai 2019, p. 6.