L’idée de leur CPTS est née en 2014-2015, "soit avant le projet de loi", et part d’un constat : "On sentait, au sein de notre MSP, le besoin d’aller plus loin et de travailler en partenariat avec les autres structures de notre territoire, explique Jean-François Moreul, médecin généraliste à la MSP Bécon les Granits (Pays de la Loire) et co-président de la CPTS des Vallées de l’Anjou bleu. On constatait qu’on avait beaucoup d’idées mais que la MSP était un dispositif déjà abouti. On voyait que nos protocoles, qui nous permettaient de nous organiser, dessinaient en pointillés des parcours. Et qu’il fallait aller plus loin et inclure dans la boucle des maisons de retraite, des foyers logement, des élus… mais qu’en fait, il n’y avait personne en responsabilité pour faire travailler les acteurs." De l’échelle patientèle, l’équipe décide d’envisager l’échelle populationnelle. La CPTS des Vallées de l’Anjou bleu naît donc le 8 septembre 2020. Elle couvre aujourd’hui un total de 25 communes, couvrant plus de 65 000 habitants dans le nord-ouest du Maine et Loire.
 

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Une dynamique qui rejoint celle des 733 structures en projet ou en fonctionnement qui maillent l’ensemble du territoire. "Je suis presque surpris de la dynamique et de la rapidité à laquelle les CPTS se mettent en place, d’autant que je sais combien ça peut être compliqué ! Mais voir autant de projets se mettre en place, ça fait plaisir", avoue le médecin généraliste, qui se réjouit de l’enthousiasme des professionnels de santé libéraux à prendre cette responsabilité et de jouer le jeu. Et si au départ, "les idées initiales étaient assez éparses et les objectifs différents, finalement, la vraie vie nous uniformise petit à petit. Aujourd’hui, nous avons tous le même fonctionnement : une CPTS inclusive, ouverte aux autres… ", ajoute-t-il.

"Ne pas avoir peur de la responsabilité"

C’est cette idée d’ouverture aux autres qui parcourt le programme des prochaines Journées nationales de la Fédération nationales des CPTS (FCPTS), qui se tiendront les 21, 22 et 23 septembre prochains à Nantes. "Les CPTS sont arrivées aujourd’hui à un premier degré de maturité qui consiste à s’organiser, au sein des territoires, pour prendre ses responsabilités sur l’accès au médecin traitant, la prise en charge des soins non programmés… Les libéraux sont à la manoeuvre sur cette première ligne et se sentent – enfin – concernés !", détaille Jean-François Moreul.

Et s’il a l’impression de "vivre une révolution des soins primaires" et "d’être entré dans un morceau d’histoire", c’est son arrivée à la MSP Bécon les Granits qui en a été le point de départ. "C’est là que tout a commencé. Car c’est grâce à elles qu’on a commencé à impliquer les libéraux dans les petites équipes et à s’organiser avec nos proches sur le territoire. Mais très vite, on comprend que ça n’allait pas suffire… Le projet avançant, il fallait le faire grandir et impliquer d’autres acteurs."

Ce que permet la CPTS ? De se mettre en relation avec les centres hospitaliers, les associations d’usagers, les élus, les libéraux regroupés et isolés pour "faire bouger toutes les lignes du territoire". Avec cet objectif affiché, précise le médecin : "Ce n’est pas seulement écrire cette organisation mais se mettre en relation avec tous les acteurs du 1er recours pour que les projets hospitaliers se prolongent dans des projets de territoire."

Comment convaincre à ce mode d’exercice ? "Pour moi, le message, c’est qu’il faut s’organiser. Les soins primaires ont besoin de cette organisation, parce que ça va devenir quasi impossible de travailler sans coordination dans un avenir proche. Mais il ne faut pas avoir peur de la responsabilité que cela pourrait induire, poursuit le médecin, également administrateur de la FCPTS. Alors prenez les choses en main pour pouvoir vous organiser en fonction de vos besoins. Vous seuls pouvez le faire car c’est vous qui avez cette expertise de l’exercice sur votre territoire."
 

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